Dans The River wild, tout est à la bonne place : l’action immersive et réalisée dans des conditions périlleuses, l’interprétation juste des comédiens, la musique symphonique de Jerry Goldsmith forte d’un thème principal – comme à son habitude – mémorable et répété ad nauseam. Divertissement hollywoodien de qualité réalisé dans les paysages magnifiques du Montana comme le faisait, deux ans auparavant, A River Runs Through It (Robert Redford, 1992), il n’en demeure pas moins limité par cette rigoureuse répartition à laquelle manque la « sauvagerie » du titre : nous ne sommes jamais surpris et avons souvent un tour d’avance sur les personnages, confiants quant à la connaissance du territoire de Gail et à l’intrépidité de son mari Tom reconverti in fine en MacGyver des bois. À aucun moment nous ne craignons pour la vie ou la survie de cette famille mise à l’épreuve au sens propre et figuré, puisque la prise d’otages crée la tension nécessaire à sa réunion. Sur ce point, nous aurions aimé une confrontation pour incarnée entre Tom et Wade, potentiels rivaux dans la course à l’amour de Gail, opposés polarisant chacun un rapport au monde (l’intellectuel versus l’intrépide, le travailleur versus le hors-la-loi, la rigueur versus la décomplexion), qui reste ici théorique et ouverte sur une clausule sous forme de dénouement heureux à l’américaine.