Sans doute pas un Herzog majeur, mais un Herzog tout de même.
En effet, je préfère le bougre lorsqu'il dresse le portrait d'une personne au travers de son documentaire ou de sa fiction. Ici, il nous présente des gens, une communauté, une religion, un lieu. Un programme fort chargé, donc. Et il le fait bien. À aucun moment on ne ressent de l'ennui : Herzog trouve toujours le point de vue unique, celui du bizarre, celui qui nous fait dire depuis notre position d'Européen : tiens, comme c'est étrange. Et tandis qu'il nous montre ces images, Herzog intervient en tant que narrateur, ses intrusions sont modérées, soit pour ouvrir à la réflexion soit pour donner un supplément d'information. J'aurais vraiment aimé connaître tout cela par le biais du portrait d'un pèlerin ou d'un moine, mais tel quel ça reste passionnant.
Et puis Herzog a toujours le don de bien se placer avec sa caméra. C'est très instinctif mais ça marche. Comme dit plus haut, il adopte le plus souvent un point de vue intéressant ; parfois il est très classique aussi, il ne cherche pas systématiquement à surprendre le spectateur et ça c'est bien. C'est juste que par moment, sa curiosité le pousse à se détourner d'une mise en scène classique et de montrer quelque chose d'un peu différent, d'inattendu. Et lorsque vient le temps du montage, il décide, avec intelligence, de rythmer tout cela, d'espacer ces moments plus surprenant, afin de ne pas jouer toutes ses cartes d'un coup.
Il y a aussi des interviews du Dalaï-lama. Je ne parviens pas à me décider sur leur qualité : les questions réponses sont très courtes, pas très intéressantes, mais en même temps c'est surprenant de voir cet homme répondre aussi simplement et ainsi participer à ce documentaire comme si de rien n'était. Cela renforce le côté brut du film, comme si tout avait été décidé à la dernière minute mais que ça se goupillait harmonieusement par miracle.
Enfin, ce film m'a donné deux envies. D'abord de faire un voyage jusque là-bas. Cela paraît sans doute naïf à dire, je ne sais même pas comment je m'y rendrais, mais j'ai vraiment eu envie de voir cet endroit de plus près. Ensuite ça m'a donné envie de tenir une caméra à nouveau. Je ne pense pas que je le referai un jour, mais quand une oeuvre donne une telle envie au spectateur, c'est plutôt chouette, non ? mais à nouveau j'ai l'impression d'être un gros naïf pour avoir de telles pensées après un film.
Bref, "The Wheel of Time" est un documentaire plutôt intéressant.