La route est longue
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le 3 mars 2011
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7
Que le cinéma s’intéresse à un best-seller comme celui de Cormarc McCarthy, ce n’est franchement pas étonnant ! Encore faut-il savoir l’adapter ! En effet, beaucoup de films tirés d’une œuvre littéraire (ou autre) se sont casser les dents car ils s’attaquaient à des récits jugés comme inadaptables. Si certains réalisateurs sont parvenus à surmonter cette difficulté tels que Peter Jackson (la trilogie Le Seigneur des Anneaux) et Zack Snyder (Watchmen – Les Gardiens), d’autres n’ont pas su marquer les esprits malgré leur réputation comme Michel Gondry (L’Écume des Jours). Si je commence la critique de La Route de la sorte, c’est parce que le livre fait partie de cette catégorie de projet sur le papier casse-gueule, et que l’inconnu du grand public qu’était l’Australien John Hillcoat (avant de réaliser Des hommes sans loi et prochainement Triple 9) s’en est très bien sorti dans cette périlleuse entreprise.
Et pour cause, ceux qui auront lu le livre de Cormac McCarthy comprendront très vite en quoi réaliser La Route n’était pas gagner d’avance. Quant aux autres, vaut mieux leur expliquer de quoi il retourne : il s’agit d’un homme et de son fils errant dans un monde post-apocalyptique froid, cruel et violent. Ni plus ni moins ! Juste un périple sans réelle action (quelques rencontres, et encore !) durant lequel les protagonistes doivent faire face à un monde et une humanité redevenue animale au possible (surtout sur le point psychologique) dont ils ignorent tout. Si la meilleure façon de traiter ce récit ne pouvait être que le road movie, ce qui est ici le cas, titiller la curiosité du spectateur voire captiver pleinement son attention était la tâche la plus compliquer à accomplir. Fort heureusement, Hillcoat et le scénariste Joe Penhall ont réussi leur coup, et ce en alliant fidélité et liberté vis-à-vis de l’œuvre originale.
Alors que La Route aurait très bien pu se présenter comme un produit hollywoodien dénaturant son modèle au point de devenir un divertissement lambda, le film de John Hillcoat conserve ce qui faisait le charme du livre. À savoir un scénario qui s’intéresse bien plus à ses protagonistes et à leur évolution dans ce monde post-apocalyptique plutôt qu’à celui-ci. Si ce dernier a fière allure du point de vue technique (superbe production design : effets spéciaux, paysages, costumes…), il ne sert que de prétexte au cheminement de la quête de nos héros (comme dans le livre, le cataclysme ayant ravagé le monde n’est jamais expliqué, n’étant pas l’intérêt du récit). Fidèle dans son écriture, le long-métrage se permet quelques libertés (des rencontres et des séquences tendues) non par gratuité mais bien pour renforcer les thématiques du bouquin (le père s’enfonçant dans la bestialité, une humanité préservée à travers un enfant…), ne lui faisant donc jamais défaut. Tout comme sa violence (on parle de cannibalisme, quand même !) juste évoquée, jamais montrée directement.
Ajoutez à cela un très bon casting et une ambiance grandement maîtrisée, vous obtenez-là une adaptation réussie. Mais qui souffre néanmoins d’un petit problème pouvant nuire au visionnage du film : son rythme. Il est vrai que la mise en scène impersonnelle de John Hillcoat pourrait être un autre souci mais vu l’aspect de l’ensemble et le savoir-faire du bonhomme, cela serait chipoter. Non, c’est vraiment le rythme du long-métrage le gros point noir du projet. Déjà qu’il se révèle être assez lent vu son contenu, il se retrouve alourdi par des flashbacks parasitant le reste du récit. D’une part parce qu’ils sont inutiles scénaristiquement parlant, n’apportant concrètement rien aux personnages si ce n’est trop détails alors que ce n’était pas nécessaire. De l’autre car en plus de casser ledit rythme, il brise le ton violent du film en abordant une atmosphère chatoyante digne d’une comédie romantique qui n’a franchement rien à faire là (malgré la descente aux enfers du couple). D’un long-métrage faisant 1h50, on aurait très pu avoir une œuvre d’une durée de 1h35 que cela aurait été meilleur, La Route perdant pour le coup de la puissance et un peu notre attention.
Mis à part cela, le film de John Hillcoat se présente à nous comme une très bonne adaptation du roman de Cormac McCarthy. La Route, bien qu’il ne soit pas idéal pour son côté pessimiste pour une bonne soirée entre potes, apparaît comme une preuve que ce réalisateur australien possède bien des talents pour mettre en images une histoire et des personnages qui ne soient pas quelconques. Qu’il sait changer de genre quand il le faut (avant ce film, il avait fait un western avec La Proposition). Bref, La Route est un bon long-métrage, maîtrisé, qui a su révéler un réalisateur à suivre. Un constat qui s’est confirmé avec Des hommes sans loi et pourrait dépasser les attentes avec Triple 9. Affaire à suivre !
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Créée
le 5 janv. 2016
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