La Route vient poser un jalon supplémentaire dans le genre des films survivalistes et post-apocalyptiques, celui de l'anticipation. Ce film dit tellement de choses et pose tant de question que j'en oublierai probablement. L'absence de fin heureuse et de possibilité de salut sont posées dès le début du film et c'est voulu, on nous fait comprendre que nous serons à des années lumières des fictions telles Mad Max et autres Livre d'Eli. On ne sait pas où l'on est, ni quand on est, les personnages n'ont pas de nom et surtout on ne nous dira jamais ce qu'il s'est passé pour anéantir toute vie sur terre, cela n'a pas d'intérêt.

Un père et son fils marchent sans fin dans le seul but d'aller plus au sud et d'échapper à une mort certaine s'ils sont rattrapés par l'hiver. Leur périple est réglé par les seuls impératifs de se nourrir et trouver des abris, leur survie. Le contact humain n'est plus possible, aller vers l'autre est devenu un risque trop important, avec l'agonie de l'espèce humaine la barbarie a repris le dessus réduisant à néant la plupart des codes sociaux.

L'autre est devenu un prédateur potentiel et les milliers de questions que pose ce film apparaissent alors. La seule présence d'êtres humains sur terre suffit-elle à justifier l'humanité ? Faut-il se battre lorsque l'on se sait, comme les autres, condamné ? La survie a-t-elle un prix et les limites qui existaient restent-elles justifiées ?
Celui qui tente de répondre à toutes ces questions est un Viggo Mortensen toujours plus convaincant, il n'a rien du père qui devient héroïque face à l'adversité comme dans d'autres films similaires, il est un homme et reste un homme, déterminé à garantir la survie de son fils, pour qui il semble envisager un avenir en dépit du bon sens. Sa femme est absente de l'équation, ayant décidé quelques temps auparavant de se donner la mort.

Leur monde finissant est déprimant de crédibilité, on pense parfois que le film a été tourné en noir et blanc mais non, il a été tourné en gris, couleur dominante. Les derniers humains le hantent, fantômes de clochards titubant à la recherche des dernières boîtes de conserve, des dernières paires de chaussures, la vie spirituelle a quasiment disparu, seuls les besoins physiques méritant d'être assouvis.

La première partie du film est sans doute la plus intéressante, dans la narration viennent s'insérer des flashbacks de l'époque de la catastrophe quand la famille vit au complet dans sa villa, chacun d'entre eux nous décrivant une vie quotidienne de plus en plus précaire quand tout vient à manquer, tout cela en parallèle d'une cellule familiale qui prend le même chemin, jusqu'à la mort de la mère de famille qui déclenchera le départ des deux survivants.

La seconde partie, plus conventionnelle dans sa narration se concentre sur la relation entre le père et le fils lorsqu'on sent que leur situation se dégrade de plus en plus, le père semblant alors devoir y perdre l'humanité qui lui restait et qu'il tentait d'enseigner à son fils.

Il n'y pas de fin, elle reste ouverte et permet au spectateur d'envisager ce qu'il veut car une petite séquence qui vient peu avant permet de prévoir le meilleur, peut-être...
Jambalaya
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le 6 nov. 2012

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Jambalaya

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