Cette réjouissante comédie dramatique est dans la droite lignée des Raisins de la colère, si ce n'est que celle-ci est résolument plus drôle grâce à son ton léger et ses personnages hauts en couleur. Cette famille de paysans, et autres personnages fantasques gravitant autour, n'ont pas leur langue dans leur poche et piaillent tellement que l'on se demande quand ils reprennent leur souffle.
Parmi eux, le fils stupide sur-extraverti et son improbable copine, qui pourrait être sa mère, hurlent si fort et sont tellement agités qu'ils font penser aux héros de Tex Avery (parfois cela casse un peu les oreilles et c'est l'un des reproches à faire au film).
C'est sûr que cela contraste avec la fille sauvageonne et toute barbouillée de la tribu, campée par la jeune et fraîche Gene Tierney. Un personnage qui reste la plupart du temps en second plan de l'image et n'a droit qu'à quelques paroles très limitées. Néanmoins, le film vaut quand même le détour pour ses adorateurs, rien que pour les poses lascives qu'elle adopte lors de sa première apparition.
Les péripéties se renouvellent assez pour accrocher notre intérêt jusqu'au bout et on passe donc un excellent moment avec ces personnages attachants (surtout les deux parents âgés qui sont confrontés à la vieillesse dans un monde qui change plus qu'ils ne le voudraient). Pour finir, les extérieurs automnales sont très bien filmés et la photographie est magnifique.
La Route au tabac est donc un très joli petit film de la part de John Ford, qui ne mérite clairement pas cette mésestimation qu'on lui connait pourtant.