Tavernier avait raison...
Dans un supplément DVD comme il sait les faire, B. Tavernier faisait référence à ce film comme à un petit bijou méconnu des années 1940. Connaissant le goût du bonhomme pour la série B, je me méfiais un peu. Mais je dois reconnaître que le film est bon.
Un métallo macho de Philadelphie, Al Schmid, rencontre contre toute attente une fille capable de lui tenir tête. Ils ne se marient pas, mais arrive Pearl Harbour. Al est engagé et participe à Guadalcanal. Il se distingue, mais est blessé aux deux yeux. Il devient aveugle...
Le thème de "Pride of the marines" est donc la difficulté pour un homme sûr de lui d'accepter une infirmité qui le fait se sentir diminué. La grande force du film repose sur le fait qu'il s'agit d'Américains ordinaires. Le film a d'ailleurs un casting et des moyens réduits, mais réussit très bien avec fort peu. Dès le départ, la voix off de Al annonce que cette histoire pourrait être arrivé à n'importe qui dans le public de 1943. Les scènes n'ont rien de révolutionnaires, mais comme si le réalisateur anticipait le néoréalisme italien, elles sonnent affreusement justes. Du coup, bien qu'un spectateur mal disposé pourrait être tenté de reprocher au film un certain pathos, on se laisse embarquer dans les émotions des personnages, et dans ce couple à peine né qui est sur le point de se détruire à cause d'une fierté masculine mal placée.
Un propos simple mais touchant. "Pride of the marines" vaut plus qu'un coup d'oeil. C'est un de ces films sociaux avec un propos politique très clair comme les Américains en produisent quand ils sont à leur meilleur.
