Objet lourd, exigeant, littéralement "abondant de vertiges en tous sens" l'unique long métrage fictionnel de Ferdinand Khittl est une promenade dans les forêts de l'arborescence cérébrale et audio-visuelle... Soutenue par un bavardage, une péroraison tour à tour vaine, absurde et paradoxalement entièrement passionnante voire fascinante La Route Parallèle tracée par le quinquet de bureaucrates et/ou investigateurs du récit ( rien de moins que cinq individus besogneux en totale prescience de leur propre suicide existentiel voire ontologique, trépas trônant comme une potentielle épée de Damoclès par-delà leurs nuits blanches, entre autres choses...) nous entraîne dans un voyage au travers des images et de leurs sens multiples, improbable enquête posthume de la vie d'un illustre anonyme de laquelle nos infatigables chercheurs tenteront d'extirper l'ultime raison d'être... ou pas.


Porte ouverte vers les abîmes de la sémiologie et de ses déchiffrages tournant fatalement dans le vide d'une excitation intellectuelle désespérément auto-complaisante La Route Parallèle est - pour peu que l'on aime remettre en question l'état des choses de manière permanente - un authentique film rêvé, fantasmé, inespéré... "Se comporter à l'égard de tout comme si rien n'allait de soi" proférait Vladimir Jankélévitch à l'aune du Siècle dernier lorsqu'il s'agissait de définir l'acte terrible, inépuisable et désespérant de philosopher ; éventuel contre-champ anti-spectaculaire du Citizen Kane de Orson Welles le film de Ferdinand Khittl peut s'appréhender comme un paradigme de liberté intellectuelle hautement précieux et difficilement accessible dans son entièreté lors d'une première découverte... D'analogie en analogie, de pertes en conjectures en ramifications signifiées et signifiantes La Route Parallèle est une oeuvre faussement réfrigérante se devant d'être considérée comme une expérience méta-physique étrangement inepte dans sa résolution, preuve qu'un cheminement réflexif prédomine forcément sur son résultat. Un film extraordinaire, rien de moins.

stebbins
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le 4 nov. 2023

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