juil 2010:

Rondeur du trait, mouvements, caricatures et difformités sont des caractéristiques du dessin de Dubout qui semblent me venir à l'esprit, comme ça, au débotté. Je n'y mettrais pas ma main au feu mais il m'en souviendrait presque, si je ne m'abuse, que le dessinateur a aussi œuvré dans la lithographie érotique, n'est-ce pas? Voyez comme je ne suis pas au mieux avec le curriculum du monsieur! Et pourtant, pas loin de chez moi, à Palavas les Flots, un musée qui lui est consacré accueille sa pléthore de touristes et curieux annuels. Aussi, quand l'opportunité de découvrir cet univers s'est présenté, je n'ai pas trop hésité, surtout que quelques photos de tournage donnaient un aperçu huluberluesque et aussitôt attirant.

Dubout est à l'histoire et aux dialogues alors que Gibaud chapeaute tout le monde, se mettant surtout derrière la caméra.

Dès l'abord, le spectateur est confronté à l'audacieux parti pris de coller au plus près du style Dubout. Les décors des studios sont évidemment très marqués par l'esthétique du dessinateur : l'aspect carton pâte ne se cache pas. Bien au contraire, il participe de cette sensation "papier" que prend le film. Les acteurs sont grimés de manière à copier au maximum le dessin de Dubout. Les costumes et les maquillages transforment les comédiens, parfois difficilement reconnaissables.

L'impression générale est à l'étonnement : on a jamais vu pareille incongruité cinématographique. Difficile de la rattacher à un autre film. Aussi rare qu'une olive sur une choucroute.

Mais cette originalité n'est pas l'assurance de qualité que j'espérais car le tout manque de liant et de rythme. La mise en scène est empruntée, hachée. Les séquences s'enchainent en paraissant rattachées de façon trop malhabile. L'humour des sketchs est par trop inégal. Mais ça, bien entendu, est affaire de goût. Si j'apprécie son outrecuidance anarchisante, je reste plus mesuré quant à sa naïve absurdité, un peu puérile à mon avis.

Malgré tout, j'ai plaisir à revoir des comédiens français comme Annette Poivre, délicieusement frappadingue et délurée, ou le jeune chevelu Louis de Funès ou bien encore le soûlard Albert Dinan. Je découvre une autre caricature de pin-up avec poses et haussement de sourcil appuyé comme il est bien écrit dans le manuel de la femme fatale, avec Nathalie Nattier, surprenante et rigolote.

En somme, un OVNI des années 50 qui a l'attrait facile mais promet plus qu'il n'offre réellement. Une curiosité sans trop d'importance.
Alligator
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le 13 avr. 2013

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