Sweet Home America
Nous sommes en 1960 et Anthony Mann est déjà dans ses dernières années lorsqu'il s'attaque à un projet très ambitieux, la mise en scène de la ruée vers l'Ouest en s'inspirant à nouveau du roman...
le 10 nov. 2020
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C'est l'exemple parfait du film qui veut en faire trop sans pouvoir assumer entièrement. Anthony Mann veut raconter plein de choses, aborder et traite beaucoup de thèmes (le mariage, l'appat du gain, la discrimination, l'abus de pouvoir, le passé et ses conséquences, l'avilissement du pouvoir, la soif d'aventures et ainsi de suite) mais la plupart ne sont jamais développés et n'occupent finalement qu'une partie négligeable du récit la plupart du temps.
La discrimination des indiens par exemple, est assez rapidement abordée avant même le début de la Ruée, mais une fois que le problème du refus de Ruby à l'école est passé (Yancey semble parti pour se battre pour le droit à l'éducation pour tous, puis on passe directement à une nouvelle chasse au terrain) on ne va plus reparler des indiens jusqu'à la fin quand on revoit Cim et Ruby marriés, ce qui pourrait constituer une leçon de morale contre la discrimination, mais ça ne semble porter pas grande importance. Certes, on pourrait y voir une métaphore des problèmes dans le monde réel qui sont passés sous silence, j'y ai pensé. Mais dans le cadre du récit, ça apparait juste comme un problème qui aurait pris trop de temps à traiter, et on passe à autre chose. Et c'est de même pour trop d'éléments dans ce film, le passage où le jeune ami de Yancey devient hors-la-loi car cest sa seule option semble être oublié à la fin de l'histoire, de même que le lynchage gratuit de l'indien au début, ou encore les hommes laissés sur place, parfois même morts, au premier sprint. Du coup, lorsqu'on arrive à la fin du récit, on ne voit par exemple qu'un couple mixte qui ne semble pas souffrir de la discrimination évoquée plus tôt et les autres problèmes cités, n'ayant pas été développés plus que ça par la suite, semblent manquer d'importance dans le propos du film.
La période qu'il a été choisit de raconter est trop vaste, trop remplie d'événements et d'histoires pour que ça tienne dans un film aussi (relativement) court, on passe trop rapidement des plaines et des décors encore sauvages aux hauts batiments abritant le journal. Et quand Sabra semble se désoler de ce qui lui reste dans sa vie, quelques instants plus tard tout semble oublié quand elle se retrouve entouré de gens presque inconnus du récit, ou que l'on a vu que trop peu, et donc auxquels on ne s'est jamais vraiment intéressé (Dixie par exemple qui ne fait que traverser le récit par-ci par-là). Mann s'est révélé bien meilleur quand il préférait s'en tenir à une histoire plus centrée pour traiter de ce qui l'intéressait et ce avec brio.
Le couple de Yancey et Sabra résonne de la même manière creuse et incohérente. Ils semblent se déchirer toute leur vie quant aux ambitions trop grandes de Yancey face à l'envie de sécurité de Sabra, et pourtant elle reste fidèle et le couple dure, jusqu'au moment où elle le quitte pour de bon quand il choisit de ne pas se laisser corrompre. C'est un peu gros comme c'est le moment où c'est la bonne décision qu'il prend qui décide Sabra à le quitter, le mélodrame est mal équilibré, c'est dommage.
Heureusement, c'est quand même Man aux commandes, et malgré le peu de temps accordé à chaque sujet, c'est intéressant le peu de temps que ça dure. Même si l'ensemble reste trop brouillon, chaque partie touche là où il faut ("laissez vos enfants avec un esprit vide !!"). Il faut dire que la mise en scène est toujours efficace, les décors sauvages de l'Ouest pionniers sont beaux comme tout et bien filmés. Il sait aborder plein de sujets, nous y intéresser un temps, mais au moment où le mot fin apparait, il me manquait quelque chose, comme si je n'avais vu qu'une partie de l'histoire.
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Créée
le 6 févr. 2018
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