Nous sommes en 1960 et Anthony Mann est déjà dans ses dernières années lorsqu'il s'attaque à un projet très ambitieux, la mise en scène de la ruée vers l'Ouest en s'inspirant à nouveau du roman d'Edna Ferber, dont la première et mémorable adaptation avait remporté l'Oscar du meilleur film en 1931.


Si cette somptueuse histoire, retraçant à la fois celle de l'Amérique et d'autres à hauteur d'Homme, associée à ces noms, promettait beaucoup, on ne peut être que déçu du résultat. En plus d'un manque de profondeur, d'un montage maladroit lorsqu'il s'agit d'alterner les époques et d'un rythme mal maîtrisé, on ne peut que déplorer des personnages qui manquent clairement de consistance, à l'image de la pourtant intéressante Dixie Lee. De plus, l'ensemble manque un peu d'intensité, mais aussi de flamboyance, de risque et d'émotion, avec l'impression de voir une fresque sans la patte d'Anthony Mann.


Si le film est décevant, c'est surtout qu'il était capable d'offrir bien plus que le résultat final, bien plus que ce qu'il est, à savoir une œuvre tout de même correcte et agréable à suivre. Dans un ton plus mélancolique que le film original, on va ici surtout s'intéresser à l'Histoire et l'évolution de ce pays, à travers des gens ordinaires et humains, dans ce qu'ils ont de bon, comme chez Sabra, ou de moins bon, dans le sens plus égoïste et ambitieux au détriment de ses proches, comme chez Yancey. Quelques séquences en deviennent d'ailleurs assez mémorables, à l'image de la ruée pour décrocher un terrain ou du final, l'un des rares moments assez émouvants.


Comme dans l'original, on passe du massacre des indiens et de la fin du XIXème siècle à l'essor du pétrole et de la crise de 1929, on traverse l'Amérique et une forme de mélancolie s'installe plus on avance dans le récit. Mann n'a pas non plus perdu son talent pour mettre en scène les somptueux paysages, ainsi que de bien diriger les comédiens, qui paraissent authentiques, tant les premiers que seconds rôles. La bande originale colle parfaitement aux images, participant aussi au charme qui ressort de cette fresque qui reste, malgré tout, assez belle.


Si Anthony Mann ne parvient pas à créer une œuvre aussi grande que ses ambitions, il met tout de même en scène avec La Ruée vers l'Ouest une aventure mêlant Histoire et humanité, western et mélodrame, ainsi que des personnages forts et un talent unique pour sublimer les paysages.


Dans un style différent, mais adapté de la même auteure et avec aussi une histoire humaine au cœur de celle de l'Amérique, il y a le très réussi et émouvant Geant de George Stevens.

Docteur_Jivago
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le 10 nov. 2020

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