Dans la première partie de ce documentaire animalier, Craig Foster, cinéaste sud-africain et protagoniste principal du film, semble avoir trouvé le remède à la dépression qui le ronge. Non pas en allant voir du pays histoire de se changer les idées mais en allant plonger en bas de chez lui, sans combi et en apnée, dans les eaux à 9 degrés de l’Atlantique sud. Pourquoi pas.
Il faut dire que pour un dépressif, plonger dans un endroit aussi inhospitalier présente a priori d'indéniables avantages parmi lesquels l'assurance d’échapper à une rencontre amoureuse sans lendemain, du genre à vous laisser sur le carreau.
A priori. Car en réalité, c'est bien là, à quelques mètres de profondeur, au milieu d'une forêt de Kelp, que notre plongeur cyclotomique fait une rencontre bouleversante. Une véritable idylle avec apprivoisement mutuel, moments d'euphorie et crainte de rupture. Bref, toute la dramaturgie d'une pièce de théâtre classique ou, pour rester dans le domaine de la littérature, du conte de La petite sirène par Andersen. Et quel est l'objet d'un tel coup de foudre ? Quelque naïade égarée sur cette côte inhospitalière ? Une plongeuse du Cap prête à partager un morceau de tuba ? Un poisson torpille ? Du tout. L'élue de son cœur n'est autre qu'une petite pieuvre. Une pieuvre tout ce qu'il y a de plus commun au demeurant mais dotée d'une garde-robe interchangeable et d'une intelligence hors du commun (pour un invertébré). Bref, une jolie pieuvre d'amour.
Problème, entre les requins pyjama tentés par un tentacule au petit dej et la timidité ventousée au corps de la pieuvrette, notre Craig énamouré se fait bien des soucis. Et sort de cette affaire plus déprimé encore qu'il ne l'était au départ. Car à l'inverse de la fable d'Andersen qui voit la Sirène prendre conscience de la courte vie des humains, c'est l'homme cette fois-ci - il faut dire un peu couillon sur ce coup-là, qui se désole de voir partir sa belle si rapidement (eh oui, une pieuvre ne vit pas plus de deux années).
Une histoire à l'ironie cruelle qui vaut aussi le détour pour ses superbes prises de vue sous-marines.
7.5/10
(sur Netflix)