Cinéaste prolifique, artisan du cadrage et du format Cinémascope Koji Wakamatsu tourne La Saison de la Terreur à la toute fin des années 60 : un film à l'atmosphère dévitalisée suggérant une oisiveté mère de tous les vices et autres turpitudes. Simplement articulé autour de cinq personnages (un activiste indolent, deux jeunes japonaises éprises dudit révolutionnaire et deux policiers chargés d'enregistrer les conversations du trio sus-cité) ce petit morceau de pinku eiga s'avère entièrement représentatif du style du réalisateur nippon : rythme lent, science du cadre prodigieuse et scènes de nu à la fois froides et esthétisées...
Le film charme et sidère, montrant son protagoniste au moment où sa conscience libertaire a déjà basculé du côté de l'individualité au détriment du collectif... Jouir sans entraves, abuser de son pouvoir de mâle, refréner ses idéaux politiques : Wakamatsu dépeint avec sécheresse et lucidité la pulsion de haine et de vie d'un antihéros en proie à une fainéantise sans autre échappatoire qu'une certaine inconséquence morale. Ainsi les figures féminines sont présentées comme soumises et vulnérables par le cinéaste, et la sphère idéologique intrinsèque au protagoniste fait plus valeur de prétexte que de finalité narrative. Un objet fascinant, qui déconcerte mais séduit au travers de son formalisme à la fois brillant et exigeant : à voir et à revoir !