La Salamandre par Maqroll
Au risque de passer pour l’iconoclaste de service, je vais oser dire que ce film est loin d’être - à mon humble avis - le chef-d’œuvre qu’une certaine critique (dirigée par « le pape » Jean-Louis Bory notamment) avait décrit comme tel. Film engagé, post-soixante-huitard, avec l’égérie de l’époque, Bulle Ogier, qui nous livre de grands numéros hystériques censés représenter les manifestations de sa liberté, c’est surtout un film plein de bonnes intentions mais qui a bien mal vieilli. Je connais assez mal, je l’avoue, l’œuvre de Tanner mais j’espère que le reste est d’une autre tenue. Car le propos est éculé (« Je dis merde à mon patron », « Je couche avec qui je veux ») et fait sourire de nos jours tant il apparaît comme un caprice d’enfant gâté (et suisse, qui plus est !) qui n’a pas conscience que le reste du monde est en train de crever à sa porte et en veut toujours plus pour son plaisir du moment. L’insupportable Jean-Luc Bideau est également dans le coup, avec son jeu forcé et faussement réaliste, la caméra de Tanner se veut elle aussi réaliste mais elle n’est que grise et froide, la musique est omniprésente et prétentieuse. Au total, on a un film profondément daté, témoignant de problèmes qui furent ceux d’une société ancrée dans ses fausses certitudes et ses privilèges de riches, qui ne peuvent plus toucher de nos jours. Comme, de plus, la forme n’est même pas esthétique, je ne vois rien à retenir.