Deux amis, le journaliste Pierre (génial, comme d'habitude, Jean-Luc Bideau) et Paul écrivain et maçon (tout aussi bon Jacques Denis) s'associent afin de rédiger un scénar basé sur un fait divers : la tentative de meurtre supposée de Rosemonde (éclatante Bulle Ogier) sur son oncle.
La Salamandre revêt l'apparence d'un film contestataire un brin anar, ancré dans un conteste social et moral post soixante-huitard un peu daté. En fait il s'éloigne de tout ça et rejoint une thématique souvent explorée par Tanner, le désir de liberté et de rompre avec la trajectoire imposée du réel.
La salamandre c'est ce reptile au corps luisant, qui se déplace lentement, d'une démarche pataude et qui a la particularité de pouvoir régénérer des parties perdues ou blessées de son corps très rapidement et de se défendre par la sécrétion d'une neurotoxine.
C'est la définition ironique, et l'image qui caractérise de manière amplifiée le personnage de Rosemonde. Sa façon d'évoluer, son paraitre, sa façon de parler, de cracher son venin. Sa régénération rapide étant liée au fait que rien ne semble l'atteindre, ni l'amour ni le travail, elle change de l'un comme de l'autre ssns cesse.
C'est aussi, une certaine vision du film en lui-même.
Ainsi cette perpétuelle régénération du film, cette manière d'avancer aléatoirement, d'une liberté folle, est provoquée par Rosemonde. Elle est le moteur du film, c'est elle qui guide le plan, le magnifie ou le terni. C'est une muse. On pourrait presque dire que le cadre épouse sa forme. Tout comme elle remplie des boyaux de chair à saucisse ou des chaussures de pieds de clients.
La Salamandre, se base sur un fait divers d'une grande banalité pour évoluer comme une grande aventure. Mais tout ça sous la forme de la contradiction. Du décalage entre ce qui est et ce qui est montré. Entre ce qui est dit et ce qui est pensé. Contradiction entre le réel et à la fiction. Le fait divers et la manière d'aborder ce fait, de l'enjoliver, de le romancer.
Ainsi quand la voix off dit : « Après 2 heures de routes, ils arrivèrent dans une très belle vallée », Rosemonde enchaine en disant : « Voilà, on arrive dans cette saleté de vallée ». En plus de l'effet comique induit, le film en est bourré, cela évoque tout un processus artistique. Contredire le propos par la mise en scène, juxtaposer ou enchainer deux vérités contraires. Comme cette chanson « A que le bonheur est proche, à que le bonheur est lointain ». Tout comme dans l'interprétation des acteurs, est-ce improvisé ou totalement écrit.
Tout ça pour dire que le film brouille en permanence les pistes pour donner une vision de la création artistique et un reflet satirique d'une époque mélancolique et drôle.
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le 13 juin 2012

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