J'aime le début du film, qui débute comme un conte initiatique. Nichols parvient à retranscrire d'une jolie façon le besoin d'aventure, de mystère, de secret que l'on peut ressentir durant l'enfance. Ici c'est le cas de 2 gamins, le temps de fugues journalières, qui quittent leur quotidien (plus ou moins plombant) pour rejoindre un monde secret rien qu'à eux. A l'écran, concrètement ils quittent le continent, à bord d'une barque, bercée par le fil de l'eau, du Mississippi, pour rejoindre leur île. Ile sur laquelle s'érige leur trésor, leur cabane, un bateau coincé en haut d'un arbre.
A travers cette simple image merveilleuse et poétique, Nichols parle de l'enfance à la manière d'un Mark Twain.
Puis ils font une rencontre, un homme, poursuivit pour meurtre, qui s'est réfugié sur cette île et qu'ils vont aider. C'est leur deuxième secret. De Mark Twain on passe à Eastwood côté Un monde parfait. Le film ira dans d'autres directions par la suite (polar,...) mais on sent dans la mise en scène du cinéaste qu'il cherche à s'inscrire dans un certain paysage américain, un certain classicisme (qui malheureusement penche parfois vers l'effet de style aussi). J'aime moins le film lorsqu'il tente d'élargir le cadre, quand on quitte le monde de l'enfance pour rejoindre celui des adultes, leurs préoccupations sont moins magiques, plus laborieuses et le film perd sa force dans cette direction.
Sans parler d'un basculement dans la violence lors d'une scène totalement inutile et hors propos.
Comme dans Take Shelter, il y a ici encore un portrait de famille, doublé d'un constat géographique et social, toujours le sud des Etats-Unis.
Dans la continuité de sa courte œuvre, il fait émerger également une autre notion, le besoin d'amour, sentiment qui guide tous les personnages masculins, des gamins aux adultes. Ce qui est beau c'est la façon, souvent maladroite, dont ces personnages essaient d'exprimer cet amour, souvent déclaré de façon orale, ou écrite, mais on ose le communiquer.
Ce qui me gène beaucoup plus là-dedans c'est l'absence de contrepoint. Le regard est évidemment un regard masculin, c'est un choix qui se respecte, la femme est éclipsée, c'est un réceptacle qui semble peu intéresser le cinéaste. A la limite. Mais ce qui me dérange c'est qu'à travers les 3 personnages féminins du film, Nichols est à la limite de démontrer qu'elles sont l'unique cause de la perte de l'homme, de leur souffrance. Heureusement il y a un semblant de contrechamp dans les dernières scènes, suffisamment pour sauver le film d'une presque misogynie.
Tout ça pour dire que Nichols tenait presque là un très beau film, qui aurait gagné à se recentrer sur son triangle central et qui se perd un peu dans ses à côtés.
A noter les 2 gamins, tous deux formidables.
Teklow13
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le 31 mai 2012

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Teklow13

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