Stand by Mud
Dear Jeff, Je suis tombée tardivement dans les méandres de tes pellicules poussiéreuses, et je m’en excuse humblement. Après tes histoires de familles dans Shotgun Stories et ton immersion...
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le 13 juin 2016
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C'est mon premier Jeff Nichols. Et je m'en souviendrai. Moi qui voulais à tout pris commencer par Take Shelter, je me suis finalement régalé avec cette histoire magnifique mêlant une multitude de thèmes et de genre cinématographique. Pour moi, ce film correspond (presque) parfaitement à ce que doit être le cinéma. C'est beau, bien réalisé et magnifiquement interprété.
Nichols marche-t-il dans les pas de Malick ? Peut-être. C'est un débat épineux sur lequel je préfère ne pas trop m'attarder ici.
Car pour l'instant, le bonhomme réussit quelque chose de grand. Romance, film de gangster, drame familial, fantastique, un côté western et j'en passe, tout se retrouve dans Mud. Et surtout, tout s'accorde à merveille, tout s’emboîte parfaitement dans un récit façonné autour d'un élément : la Nature, la belle et majestueuse Nature, personnage principal de l'histoire. Il suffit de voir, non, de contempler la scène finale pour s'en rendre compte. Une fin magnifique, tant esthétiquement que moralement.
Mais ne mettons pas la charrue avant les bœufs, prenons le film du début. Ellis et Neckbone sont deux enfants de 14 ans qui, lors d'une de leurs escapades quotidiennes sur les rives du Mississippi, découvrent un bateau perché dans un arbre et surtout un homme : Mud, serpent tatoué sur le bras, chemise porte bonheur et flingue bien accroché à son jean. Les deux enfants, et surtout Ellis, vont se lier d'amitié avec Mud qui leur fait partager ses croyances envers l'amour avec un grand A. Il va leur demander de l'aide pour réparer le fameux bateau afin de s'enfuir de l'île et de retrouver sa bien aimée.
Le mélange des genres et des thèmes abordés dans un film est quelque chose de très difficile à réaliser. Ici, ça l'est à la perfection. On suit l'histoire à travers Ellis, et on se met à sa place à de nombreuses reprises, se retrouvant même surpris à s'attendrir et à croire toutes les histoire que Mud peut lui raconter. Notamment celle du serpent et de la chemise porte bonheur. Un objet simple : une chemise, qui va se transformer en mythe et qui sera un fil rouge tout au long du film.
On y suit également une histoire de gangster qui nous fait revenir sur Terre. Parce que jusqu'ici on buvait les paroles de Mud mais ce n'étaient que des paroles. La première apparition de Juniper (son grand amour) et de l'histoire qu'ils traînent derrière eux font basculer le film dans un autre genre avec l'arrivée des gangsters. Car Mud, n'est pas un ange. C'est un assassin en fuite. Un homme qui a tué pour protéger sa chère et tendre mais condamné à rester caché pour survivre. Ce développement de l'histoire aborde de nouveaux thèmes notamment la démonstration de ce qu'un homme peut faire pour une femme qu'il aime de tout son cœur. Une femme qui ne lui rend pas forcément son amour. Ici, l'image de la femme est dégradée tant par Juniper qui brise le cœur de Mud constamment, que par la mère d'Ellis, qui ne veut plus vivre dans leur maison au bord du Mississippi, plongeant le jeune garçon dans la détresse. La détresse de ne plus pouvoir vivre près de la Nature, mais également la détresse de voir ses parents s’engueuler. Le drame familial fait son apparition dans le récit avec la relation parent/enfant qui tient une place très importante dans l'histoire.
Que ce soit pour Ellis, Neckbone et son oncle un peu dérangé (Michael Shannon excellent), ou même Mud et son mentor, Tom Blankenship, qui habite de l'autre côté de la rive. Cette relation va d'ailleurs être une des plus fortes à mon sens, puisqu'on ne sait pas vraiment le lien qui les unit, mais on en ressent juste ce qu'il faut pour s'attacher à ces deux hommes qui ont souffert de leurs actions passées. Et leur réconciliation n'en est que plus belle puisqu'elle coïncide avec ce final splendide dont j'ai parlé précédemment.
J'ajouterai également dans ces relations père/fils, celle entre Mud et Ellis. Pas d'inquiétude ce n'est pas un Spoiler Mud n'est pas son père, mais ils entretiennent un lien particulier, comme si Ellis trouvait en Mud, le père qu'il ne trouvait pas toujours chez lui. Où comme le frère qu'il n'a pas eu. Une chose est certaine, Mud a su se prendre d'affection pour Ellis et lorsque celui ci se fait mordre par un serpent, il oublie tout pour le sauver. Il oublie qu'il est recherché par la police, oublie qu'une bande de gangster veut sa mort, oublie Juniper, oublie tout pour amener Ellis sauf à l'hôpital. Comme un père le ferait. D'ailleurs dans cette séquence, Mud est torse nu pour bosser sur le bateau, et lorsqu'il apprend pour Ellis, on a un plan, furtif, qui le montre empoigner sa chemise magique. Comme pour nous rassurer et pour nous indiquer, nous spectateurs, que tout ira bien, il a sa chemise porte bonheur.
Jeff Nichols dirige son film avec une impressionnante maîtrise. Sa mise en scène regorge de bons choix notamment de raconter l'histoire du point de vue d'Ellis. On suit ses bonheurs et ses malheurs, de son premier (faux) amour à sa relation avec Mud et celle avec ses parents. Sa façon de filmer la nature, en la magnifiant, ne peut que rappeler le travail de Malick notamment sur Les Moissons du Ciel, Badlands ou la Ligne Rouge. Bon après, il n'est pas encore ce qu'était Malick mais la Nature à l'écran a quelque chose de familier. Et il démontre également qu'il sait diriger des acteurs.
Matthew McConnaughey, crasseux, barbe de trois jours et fort accent du sud, est magistral. Il ne joue pas Mud, il est Mud. Le jeune Tye Sheridan, qui joue Ellis, est également une belle trouvaille, m'ayant fait (très) bonne impression. Reese Witherspoon prouve que, malgré quelques mauvais films, elle est loin d'être une mauvaise actrice. Enfin, je l'ai évoqué plus haut, Michael Shannon, acteur fétiche du réalisateur puisqu'il a joué dans tous ses films, tient un petit rôle à l'écran mais campe un personnage fort et qui arrive à nous tirer quelques sourires.
Loin d'Hollywood et de ses superproductions, il est un jeune cinéaste qui trace sa route. 3 films et déjà une solide réputation auprès de la critique et du public. Je n'ai pas vu les autres mais ça ne saurait tarder, en tout cas Mud est un grand film, mon coup de cœur de l'année, beau, poignant et dotée d'une histoire fabuleuse, Mud est assurément le meilleur film de cette année 2013.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Ces films où la photographie te fait vibrer et t'envoie au 7e ciel. [Liste Participative], Les meilleurs films de 2013 et Maîtriser la Force, c'est bien. Mais il faut aussi que je me souvienne des films que j'aurai vus en 2014.
Créée
le 30 juin 2013
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