Que l'on soit clair dès le départ : La Sapienza filme magnifiquement bien l'architecture et les larmes tombent devant le spectacle de l'architecture baroque italienne, révélée par le regard ému d'Eugène Green (auteur d'un magnifique caméo par ailleurs) et transfigurée par la musique de Monteverdi. Le film est plein de sincérité de ce point de vue là car il ne cherche qu'une chose, exalter l'architecture et l'émotion qui s'en échappe. La photographie, centrée sur la lumière et l'espace, remplit ce défi de coller parfaitement aux discours des personnages.
Toutefois, je n'arrive toujours pas à me faire à la diction des personnages de Green, trop parfaite, trop soignée, aux liaisons non naturelles... D'ailleurs les personnages aussi sont trop soignés, trop archétypaux (Goffredo, rêvant de devenir architecte, fait la maquette de la Cité idéale, a des posters de Léonard, des plans d'architecture baroque à la sanguine ; sa soeur Lavinia, amoureuse du français, lit Madame Bovary) et cela pèse sur le film, car je n'ai pas réussi à trouver l'humain dans le film.
Les personnages ne révèlent qu'une face aux premiers instants de ce long-métrage et ils finissent à l'opposé dans ce que j'appellerais un Bildungsfilm.
Eugène Green cherche a faire évaluer ses personnages, mais perd la dimension humaine quand tous les dialogues et les personnages sont trop écrits. Et une oeuvre qui est seulement esthétique, sans dimension humaine, c'est, je le crois sincèrement, une oeuvre inachevée.