Berlin-Ouest : capitale de la contre-culture
Excellent documentaire sur la “révolution” berlinoise des années 80 (qui démarre beaucoup plus tôt en fait, dès les années 60 avec Ton Steine Scherben). Ce docu bien foutu retrace cette incroyable effervescence arty-punk née de l’influence majeure de Joy Division et de Bowie (très inspiré par cette métropole coupée en deux). Mark Reeder, musicien et producteur, personnage plutôt cocasse est parfait dans son rôle de guide/narrateur qui dépeint ce vent de liberté qui souffle à l’époque où tout le monde à les yeux braqués sur le Royaume-Uni et les USA, Berlin est à son tour contaminée par une faim dévorante d'expérimentations artistiques en tout genre, renforcée par l'industrialisation, véritable moteur artistique et social. Cela commence donc avec la Kosmische Music Motorik, puis par l’émergence de la Neue Deutsche Welle, l’équivalent local de la new wave, prolongement du punk et véritable catalyseur pour de nombreux groupes : électroniques (DAF, Liaisons Dangereuses, Din A Testbild), bruitistes et expérimentaux (Die Haut, Der Plan, Die Krupps), punk-rock (Abwärts) ou new wave, dans lesquels dominent les figures féminines de Nina Hagen et Gudrun Gut (Mania D, Malaria). La plupart des groupes qui s’engouffrent dans cette brèche créative savent bien que l’Allemand les privera du succès (si on met de côté le hit de Nina, 99 Luftballons, véritable fierté pour ce pays divisé). De “Ton Steine Scherben” à Blixa Bargeld (dont on a le privilège d’assister très jeune à une prestation particulièrement costienne) à Malaria ou Gudrun Gut, Die Toten Hosen, Nick Cave ou Einstürzende Neubauten, des squats punks des années 80 au clubbing des années 2000, ce documentaire nous fait découvrir un phénomène incroyable, explosif, sans limite, dont nous étions bien incapables d'imaginer la portée, à moins d'être sur place. The place to be !