Prenez un film noir, épurez-le de tout le côté thriller-policier, ne gardez que la femme vénale dont on adoptera le point de vue, les mecs qui gravitent autour et tout ce pognon qui fait rêver et vous obtenez "Wicked Woman".
Le scénario est aussi simple que cela, ne s'étale d'ailleurs pas dur une très grande durée, juste le temps d'introduire les personnages, le contexte et ensuite de profiter de quelques actions. L'on retiendra d'ailleurs particulièrement cette scène incroyable de la signature où la moitié des informations passent par le simple regard (comme pour l'alliance manquante, par exemple). De plus, les auteurs jouent habilement de l'ironie dramatique, profitant de ce qu'un personnage ne sache pas ce que les autres savent. Les personnages sont d'ailleurs bien utilisés et certaines scènes sont vraiment poussées à fond, plus que ce que je ne l'aurais cru (ce nabot de voisin va vraiment loin avec la belle blonde).
J'ai beaucoup apprécié cette mise en scène posée, où les personnages prennent le temps de parler sur un fond musical diégétique qui fonctionne assez bien au niveau de l'ambiance. L'on savourera également la belle variété de plans, notamment lorsque le réalisateur insiste sur une main, un visage, un regard. Les acteurs sont assez bons. J'avais peur que Beverly Michaels ne soit une sous Marilyn Monroe (c'est dire), en fait elle s'avère très douée : j'aime beaucoup son air détaché, mou, sans motivation qui tout d'un coup s'éveille dès qu'elle entrevoit la possibilité de se faire du pognon facilement. Les autres acteurs s'en tirent très bien aussi. L'on appréciera le jeu sur la physionomie des personnages/acteurs.
Bref, "Wicked Woman" fut une belle petite surprise.