La méchanceté est une clé qui vous ouvre des portes

En 2000, le jury de Gérardmer découvre un jeune réalisateur de 32 ans à travers son premier long métrage: "La secte sans nom". Une œuvre qu'ils apprécient au point de lui décerner le prix du jury, débutant ainsi une longue liste de récompenses un peu partout à travers le monde. L'unanimité de la critique internationale autour du talent de Jaume Balaguero en fait un nouveau grand nom du cinéma d'épouvante.

Inspiré du livre de Ramsey Campbell, le réalisateur choisit volontairement d'éliminer tout superflu de gore et d'horreur afin de laisser la part belle à la suggestion et à la dimension horrifique du récit. Une vraie bonne idée! Dès les premières minutes, le spectateur de cette tragédie est ballotté entre un sentiment d'effroi face aux images d'autopsie très réalistes de la jeune enfant disparue et d'émotion avec la douleur de cette mère qui doit affronter désormais une vie d'absence.
Malheureusement, à mes yeux l'attente suscitée par une histoire si étrange est mal desservie dans la deuxième moitié du film. Je m'attendais à quelque chose d'énorme, de fort, d'étonnant. La vérité est simple, pas forcément flatteuse, et surtout dénuée de toute considération épique.

Filmant la palette d'émotions éprouvée par nos héros grâce à l'utilisation de plans rapprochés, Balaguero se donne le temps de nous offrir pour chacun d'entre eux un portrait psychologique remarquablement bien dressé à coups de petites touches d'informations subtilement distillées au grè de la narration. Un travail qui se conjugue avec une sélection de casting judicieuse comme le choix d'Emma Vilarasu, qui incarne à merveille cette femme détruite par le destin mais terriblement déterminée à découvrir ce qui est réellement arrivé à sa fille. Face à elle, Karra Elejalde en flic rongé par la mort de sa femme, apporte du crédit supplémentaire à cette quête qu'ils entreprennent à deux pour découvrir la vérité.
Les adorateurs du mal, quant à eux, forment un tout, une bête immonde, tapie dans l'ombre et prête à sauter sur sa proie attendant un signe de leur gourou. Un gourou incarcéré qui nous offre une des scènes les plus impressionnantes du film où à l'instar d'un Hannibal Lecter, fascinant et imprévisible, il affronte Claudia lors d'une visite à la prison. Distillant des indices lors de son interrogatoire ce Dr Santini (Carlos Lasarte) envoûte par une locution, un rire dément et un regard sans vie.

Les paysages et décors du film sont glauques, délabrés, sordides à souhait. Transposant ses personnages filmés caméra à l'épaule dans des bâtisses désertées, isolées, témoins d'événements dramatiques, le réalisateur espagnol aime créer une atmosphère pesante, paranoïaque, sublimée à l'écran par des sons sourds, des couleurs sombres et des décors urbains abandonnés, voire inquiétants. A plusieurs reprises, on nous assène des flash-back électriques et puissants, cependant, on a droit à quelques moments de poésie grâce notamment à la sublime partition musicale de Carles Casas.

Ce nouveau maître ibérique du cinéma d'angoisse n'a décidément pas son pareil pour nous embarquer au cœur même d'une histoire où l'isolement, la peur de l'inconnu et la révélation d'une vérité incroyable font de nous une nouvelle victime de ce cinéma innovant et terriblement angoissant.
Lorelei3
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le 12 janv. 2012

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