La force du cinéma de propagande américain des années 40, c’est qu’il pouvait se baser sur les récits des nombreux réfugiés d’Europe qui avaient fuit le nazisme. Cela leur permettait de tourner des films à la gloire des résistants européens tout en entretenant une certaine véracité. « La 7eme croix » fait parti de ces films, mais c’est aussi un cas particulier puisqu’il est une des rares productions, voir la seule, à rendre compte des dernières heures de la résistance allemande, avant qu’elle ne soit totalement liquidée par la gestapo.
On peut d’ailleurs rapprocher ce film du « Traître » d’Anatole Litvak dont l’intrigue se situait cette fois ci à la fin de la guerre. Dans les deux cas, on a le portrait glaçant d’un pays entier livré à la peur, où sévis la repression, la lâcheté et la paranoïa, avec en prime dans le cas du « Traître » de Litvak, une certaine folie ambiante. Le film de Zinnemann quant à lui, garde encore une lueur d’espoir, cette lueur est merveilleusement incarnée par le personnage d’un ouvrier père de famille, joué par Hume Cronyn, ce dernier profitant pourtant gentiment du système social mis en place par le régime, n’hésite pas à venir en aide à son ami fugitif (Spencer Tracy) au risque de compromettre sa situation et sa famille. Il incarne ainsi une autre forme de résistance, plus pacifique, mais tout aussi nécessaire. Arrêté par la gestapo puis relâché il aura cette phrase merveilleuse « Finalement ils ne savent que ce que l’on veut bien leur dire ».
La mise en scène de Zinnemann recèle par ailleurs pleins de moments forts, ce qui en fait une des œuvres les plus marquante du genre.