Après le médiocre Comtesse Sara, j'ai enchainé avec quelques doutes sur ce nouveau duo Roberti/Francesca Bertini et heureusement, c'était autrement plus réjouissant. Le film souffre toujours d'une narration maladroite, franchement précipitée sauf que cette fois l'abondance de péripéties finit pas devenir presque grisante. La encore la copie est incomplète, ce qui explique des ellipses brutales et des séquences réduites à leur plus simples expressions. On devine tout de même que ça reste une volonté de garder un esprit romanesque proche du sérial. L'universitaire qui présentait la séance évoquait qu'il s'agissait d'ailleurs d'une spécificité du cinéma - et du public - italien de vouloir privilégier les rebondissements et la mise en valeur des comédiennes sur la crédibilité de l'histoire (coucou Matarazzo).
La serpente déploie un tel enthousiasme dans cette conception du cinéma que ça devient presque communicatif. Sans doute car le rythme est très soutenu mais aussi car Francesca Bertini est excellente dans un rôle de vengeresse qui doute de ses motivations, touchée par la déchéance de sa victime, devenu brillant musicien. Sa palette de jeu est très riche, toujours juste et dans le bon ton, nous faisant ressentir ses tourments. Elle est régulièrement sublimée par Roberti qui, en plus des très beaux gros plans, livre de nombreux plans iconiques totalement irréels comme Bertini regardant le corps inanimé de sa sœur (hors-champ) dans une pièce fermée alors qu'un puissant vent secoue ses vêtements. Et la photographie est admirable, très travaillée, tant dans les extérieurs que les intérieurs en studios.
Pour le coup, on vibre avec les différents personnages qui ne sont jamais sacrifiés aux conventions du genre et à une narration fulgurante.
Du vrai bon cinéma populaire !