Quoi de mieux que le vulgaire, comprenons le « populaire » si l’on se rapporte à l’étymologie du mot, pour aborder la banlieue, espace dans lequel se concentre le peuple ? La Smala fait le choix de la trivialité des sujets et de la langue pour représenter le quotidien d’un milieu socioculturel marqué par la précarité ; pour autant, la tonalité choisie l’écarte de toute approche misérabiliste ou larmoyante, les accents dramatiques étant joués à l’accordéon, instrument de bal musette, lors de belles séquences interprétées par Victor Lanoux.
La méchanceté apparente cache une humanité vibrante, sans que celle-ci n’évolue en niaiserie, sans qu’elle ne tourne à la soupe aux bons sentiments comme la comédie française contemporaine sait en faire. L’écriture parfois excessive des dialogues n’est pas sans rappeler une certaine tradition, notamment ce goût pour le mot et la gouaille cher à Michel Audiard. La mise en scène, essentiellement illustrative, propose quelques idées dignes d’intérêt, comme une querelle filmée en plan fixe entre Robert et Simone qu’il frappe par accident, laissant le champ libre au jeu des acteurs, tous excellents.
La Smala offre un regard précieux sur la vie dans les banlieues, regard qui mériterait aujourd’hui reconsidération et réédition en support physique.