Ce qui frappe le plus au visionnage d'Haxan, en plus de sa maîtrise technique et d'images toujours aussi fortes (100 ans après avoir été réalisées, putain!), c'est la modernité de son discours.
Car plus qu'une histoire de la sorcellerie, ce serait plutôt une histoire de la définition et de la répression de cette sorcellerie, et c'est le sujet du rapport à la différence, et de la peur que l'on en a, qui est en filigrane tout au long du film, jusqu'à rappeler que celles que l'on nomme désormais hystériques, de mêmes que les vieilles femmes, sont, à l'époque contemporaine du film, parfois traitées de manière à peine plus humaine que celles décrites précédemment.
Du reste tout le génie du film réside dans sa capacité à refuser de choisir entre montrer tout le fantastique, toute la vision cauchemardesque de l'imaginaire de la sorcière, et affirmer que tout ça n'est que fantasme, et que la chasse aux sorcières, et tout particulièrement l'inquisition, fait partie de ce que l'obscurantisme à fait comme plus grand crime à travers les âges.
En résulte des images proprement hallucinantes, pour la plupart d’excellents exemples de ce que le cinéma muet pouvait avoir comme force évocatrice, et rappellent en un sens une chose essentielle que certains oublient encore aujourd'hui : pourquoi croire à tout et n'importe quoi dans le monde réel lorsque l'on peut le faire au cinéma ?