Retour en arrière, très loin dans le passé pour ce film muet datant de 1922. Mi fiction, mi documentaire, l’oeuvre est divisée en sept chapitres qui abordent les thèmes liés à la sorcellerie depuis le moyen-âge.
Instructif, même si avouons le pas très recherché, le réalisateur se fait professeur et commente entre autre des illustrations et gravures d’époque sur les us et coutumes des croyances archaïques ainsi que sur les méthodes peu orthodoxe des inquisiteurs.
Le film alterne adroitement scènes “pédagogiques” et séquences de fiction comme illustration. Et c’est évidemment ces saynètes fort réussi que LA SORCELLERIE A TRAVERS LES AGES a justement , traversé les âges.
Les maquillages et effet spéciaux sont crédibles, un soin particulier a été apporté aux décors avec un soucis du détail surprenant, comme l’antre des sorcières avec un squelette de chat accroché près de la marmite.
Réalisation très dynamique, le réalisateur Danois a un vrai sens du cadre et du découpage. On imagine comment le film a été reçu lors de sa sortie , avec ces scènes osées pour l’époque (nudité) voire provocantes (les baisers sur le popotin du diable!!!!).
Mais c’est l’Eglise et ses représentants qui sont ici pointés du doigt. Les hommes de Dieu n’ont rien de divin et représentent l’obscurantisme, la cruauté et la haine des femmes au plus haut degrés. Leur cruauté n'a d'égal que leur laideur et pour eux, les sorcières et le diable sont partout jusqu’à devenir paranoïaque. La scène d'autoflagellation d'un moine ou encore la crise de folie collective d'un couvent de bonnes sœurs en disent long sur l'état d'esprit des religieux à cette époque.
Dommage que la dernière partie axé sur les sciences et la médecine psychiatrique de notre époque ( enfin 1922) est juste survolée, je pense qu'une suite au travail de Benjamin Christensen serait la bienvenu pour remettre au gout du jour un sujet finalement toujours d'actualité à notre époque.
Réfractaire du cinéma muet ne fuis pas, car les 1h45 sont passés pour ma part comme un coup de vent, tellement ce film est prenant de bout en bout.
A ranger au côté des curiosités du cinéma.