--- Bonsoir, voyageur égaré. Te voila arrivé sur une critique un peu particulière: celle-ci s'inscrit dans une étrange série mi-critique, mi-narrative, mi-expérience. Plus précisément, tu es là au cinquième épisode de la cinquième saison. Si tu veux reprendre la série à sa saison 1, le sommaire est ici :
https://www.senscritique.com/liste/Vampire_s_new_groove/1407163
Et si tu préfère juste le sommaire de la saison en cours, il est là :
https://www.senscritique.com/liste/Secret_of_the_Witch/2727219
Et si tu ne veux rien de tout ça, je m'excuse pour les parties narratives de cette critique qui te sembleront bien inutiles...---
Ce soir nous changeons d’heure. Cette fois ça y est, même avant 21h, nous pourrons nous cultiver de promenades nocturnes. Drôle de période, avec sa pandémie digne des meilleurs films de zombies, et son couvre-feu digne des meilleurs films de vampires. Dans le film de ce soir, on accusait les sorcières d’une épidémie de peste. Je me demande si certains lunatiques seront capables d’accuser mes amies de nos tourments actuels… Je me demande si certains l’ont déjà fait, et à quel point on leur aura accordé du crédit. Nous tous, créatures des ténèbres, avons mis tant de soin ces derniers siècles à disparaître des esprits que nous avons presque disparu tout court. Je ne pense pas mes amies ensorceleuses impliquées dans cette affaire cette fois, car si elles étaient capables de la peste autrefois, elles auraient, si elle l’avait décidé, certainement envoyé un fléau plus meurtrier. Pourquoi l’aurait-elle fait d’ailleurs, elles qui cherchent, comme nous tous, à se faire oublier et passer pour fantaisie ? Je ne pense pas qu’une vulgaire histoire de vengeance puisse en être la cause, comme nous le propose le film de ce soir. Je crois d’ailleurs qu’aucun crédit en aucun point ne puisse être accordé au film de ce soir. Quel potentiel gâché, quel temps gaspillé que ce métrage. Je ne sais qu’en dire, si ce n’est aligner ses défauts comme un rang de condamnés.
J’étais pourtant partie enthousiasmée, par ce film, premier de la liste à m’avoir séduit par mystère, avec son titre et sa belle affiche, plutôt que par son réalisateur ou par ses stars. Plaisir prolongé par les premières secondes du film, où je retrouve avec sympathie la glaciale mais sublime Barbara Steele, qui tenait déjà la tête d’affiche du film d’hier. Et c’est avec une honnête curiosité que je découvrais la suite du programme : notre belle sorcière campe à nouveau un double rôle. Coïncidence ou inspiration ? Ma foi, j’ai comme l’impression que ma déception, d’autant plus grande face à ce film qu’elle n’a vu que choir tous mes espoirs, m’aura fait perdre mon intérêt pour cette question. Et avant d’ouvrir le feu, je me dois de saluer la seule idée que j’ai appréciée dans ce film, véritable éclat de génie mais qui n’ira pas, malheureusement, au-delà du stade de l’anecdote : cette scène superbe où le personnage s’effraie de voir respirer le cadavre de son frère dans son cercueil. Il fuit, et dans le plan suivant, le spectateur resté seul avec le macchabée peut observer quelques rats s’échappant de se cage thoracique. C’est à la fois brillant et morbide à souhait. Mais c’était l’unique point positif du film… Je commence par ce qui n’est que détail et qui habituellement ne m’intéresse pas : le film est truffé de faux raccords grossiers. En règle général je ne m’appesantis pas sur la chose, ne les repérant d’ailleurs quasiment jamais, trop emportée par l’histoire, le jeu, l’image, la musique, que sais-je, ce qui fait réellement le cinéma en tout cas, et pas de petites maladresses de scripte peu scrupuleuse. Je m’emporte même assez fréquemment contre ces emmerdeurs tatillons qui reprochent à tel cigarette de s’être trop consumé entre un plan et le suivant, et à tel verre de s’être vidé sans être bu dans le contrechamp. Mais là tout de même, je pense que la limite entre un défaut d’attention momentané et un désintérêt profond pour la réalisation est allègrement franchi. On parle tout de même d’un acteur habillé dans le plan précédent, et nu dans le suivant ! Et d’une fréquence aussi soutenue d’un faux-raccord quasi-systématiquement à chaque scène ! Et je ne parle bien sur que de ceux que j’ai vu, mais me connaissant, j’en ai certainement laissé passer un nombre plus grand encore que ceux que j’ai repérés. Je ne me suis par exemple pas focalisée sur les cheveux, mais toute personne ayant déjà mis les pieds sur un plateau de tournage sait à quel point le faux-raccord-coiffure menace à chaque plan, particulièrement lorsque que la comédienne à les cheveux long. Je vous laisse consulter le titre original du film pour vous faire une idée de mes craintes…
S’il n’y avait eu que les faux-raccord, je les aurais, comme d’habitude, pardonnés. Seulement ce n’est que le moindre des soucis de ce film. Il n’a pas beaucoup de qualités sur les plans techniques, avec un découpage archi-classique, des plans pas toujours très joli, une mise au point… spectrale (je sais qu’on mettais parfois les actrice un tout petit peu dans le flou pour gommer d’éventuel défauts, mais là vu le niveau, je pencherai plutôt pour un assistant caméra à peu près aussi scrupuleux que la scripte sur ce film). Certes, oui, bon, on commence à comprendre que ce film, le malheureux, n’a pas grand-chose pour lui, mais tout de même, j’aurais pu encore lui pardonner tout ça, si ça n’avait été ce scénario en forme de grand ramassis de n’importe quoi. Mon premier « Hein ?! » du mois-monstre 2020 a été poussé ce soir, et ce à pas moins de trois reprises. Je n’ai, littéralement, rien compris à cette histoire sans queue ni tête. Attention je vais spoiler, mais en même temps ça ne risque pas d’être une grande perte parce que : Il y a la peste, c’est une malédiction de la sorcière, mais ensuite, y a plus, parce que la fille de la sorcière a prié la sorcière morte d’arrêter, parce que finalement elle déteste pas son mari qui l’a violée, mais en fait si elle le déteste, donc ensuite la sorcière revient, mais en fait non, c’est sa fille, mais en fait non elle est amnésique, mais en fait non, elle tue sa sœur, mais en fait non, elle est pas morte, mais en fait non, elle est pas amnésique, elle est revenue pour se venger, et en fait c’était son esprit, mais aussi peut être son corps, mais ça quand même on sait pas trop, mais bon quand même le gars il a quand même fait l’amour avec elle donc c’était peut être pas que son esprit, sauf que bon vu qu’il y a des vers de terre qui sortent des orbites de son corps, quelqu’un aurait peut être du tiquer, mais bon elle a fait tout ça pour se venger, sauf qu’on sait pas trop bien pourquoi elle a inventé un truc aussi tordu vu les pouvoirs colossaux qu’elle révèle en fin de film pour faire sortir un peu plus vite du chapeau une fin morbide mais parfaitement incohérente. Et pourquoi le vrai gars contre qui elle devrait se venger (parce qu’il l’a quand même violée pendant que ses hommes brûlait sa mère, je veux dire, ça mériterai bien une petite vengeance un peu pimentée, non ?) finalement meurt sans douleur et à un âge honorable, alors que l’autre type, qu’est pas un saint non plus, mais bon il est quand même un peu moins pire, lui il subit la colère des deux filles de la sorcière en même temps ? Ça me révolte un film qui prend autant son spectateur pour un abruti, en se disant que deux-trois effets spéciaux un peu cheap, un vieux château gothique et quelques personnages brûlés vifs satisferont son appétit suffisamment pour le distraire de ce scénario ni fait ni à faire.
Bon, visiblement la prochaine fois j’arrêterai de me fier à mon instinct et à une belle affiche (en plus maintenant que j’y pense, elle est pas du tout blonde la sorcière dans le film. Est-ce que les gens qui ont fait cette affiche ont seulement vu le film ?), et je resterai sur un choix sûr, basé sur des René Clair et et Simone Signoret dans lesquels on peut avoir confiance.