Hasard des diffusions, restaurations ou programmations, la coïncidence fait communiquer deux versions colorisées de films des années 30 à consonance SF / fantastique : après le récit d'anticipation "La Vie future" (1933, William Cameron Menzies) basé sur le roman de H.G. Wells, "La Source de feu" (titre français, osé mais pour une fois pas totalement à côté de la plaque, de "She) s'inscrit davantage dans la lignée des films d'aventures, même s'il cultive d'entrée de jeu une dimension mystérieuse qui prendra une importance capitale dans la deuxième partie. On retrouve de manière surprenante un assez jeune Randolph Scott, loin de ses terres de westerns, au chevet de son oncle britannique mourant qui lui révèle quelques bribes d'un secret ayant trait à une légende : l'immortalité que confèrerait une flamme mystérieuse éponyme.
Les contours de cette légende sont radicalement minimaux et voilà lancée une expédition comportant trois aventuriers, dans une direction quand même assez floue — on comprend qu'ils s'engagent sur la banquise arctique russe mais le cheminement vers le pays de Kor reste particulièrement nébuleux. C'est avant tout une opportunité en or pour Lansing C. Holden et Irving Pichel d'utiliser quelques décors qui avait servi au "King Kong" de Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack 2 ans plus tôt pour figurer un continent oublié, supposément visité 500 ans plus tôt par l'ancêtre du protagoniste. La rencontre avec une civilisation cachée est sous certains aspects un monument de kitsch suranné, mais aussi l'occasion d'amorcer la rencontre avec une souveraine qu'on dit immortelle (Helen Gahagan), au creux d'un cadre rendu captivant par des plans très serrés et une curieuse géométrie des espaces.
Cette première partie bâtie autour de l'exploration, de la découverte et de la rencontre avec un peuple incertain dispose d'arguments qui peuvent attiser la curiosité, mais la suite s'essouffle assez rapidement à cause d'une focalisation un peu vaine et trop longue sur des questions peu engageante (la reine voit dans le protagoniste la réincarnation de son ancien amant, grosso modo). Une grande part de ce second mouvement est ainsi dédiée à une romance sous la forme d'un triangle amoureux soporifique, très prosaïquement sentimental... L'intérêt retombe vite et avec fracas, malheureusement, alors que la relation entre ce personnage féminin hors du commun et le héros un peu paumé aurait pu former quelque chose de grandiose.