Une symphonie de tauliers !
Ralph Nelson est un cinéaste m’étant relativement inconnu, ne connaissant que Le Soldat Bleu, sans malheureusement l’avoir vu. En tombant un peu par hasard sur La Symphonie des Héros, il faut dire que ce qui m’a attiré de prime abord, c’est ce face-à-face entre Charlton Heston et Maximilian Schell. Deux acteurs remarquables (pour ceux qui ne connaissent pas Maximilian Schell, je recommande vivement le visionnage de Croix de Fer de Peckinpah mais aussi de The Yards de Gray). En tout cas, le moins que l’on puisse dire est que ce film relativement inconnu n’est pas dénué d’intérêt.
C’est un film qui tient beaucoup par la solidité de son interprétation. Heston confirme une nouvelle fois son talent et sa puissance. Quant à Schell, c’est toujours un peu ce personnage de l’ombre, assez bien écrit d’ailleurs, enfin il n’est pas unilatéral. Bon après on pourra toujours dire qu’il interprète tout de même très régulièrement des officiers allemands. Mais il le fait avec beaucoup de finesse, beaucoup de retenue. Et beaucoup de classe.
La Symphonie des Héros est aussi bien mis en scène. Il y a pas mal de très beaux plans (mis en valeur par une agréable photographie qui joue plutôt bien sur les noirs profonds), et tout est assez fluide. Quelques séquences sont rythmées par la musique classique interprétée par l’orchestre de ce bon vieux Charton. Bon, on pourra toujours dire que le répertoire classique présent n’est pas ce qu’il y a de plus original (Tchaïkovski, Brahms, Beethoven…), mais cela donne lieu à de jolies séquences.
Je regrette peut-être un peu que l’écriture n’ait pas osé plus de choses, notamment dans le final, mais dans l’ensemble ça se suit agréablement et ça n’est pas dénué d’intelligence. Puis j’aime bien cette petite interrogation sur la place de l’art au sein de la guerre. Un peu comme dans Le Train de John Frankenheimer, même si dans le film de Nelson ça n’est pas vraiment un thème central du film véritablement développé. Mais du coup, c’est un film qui mérite clairement un petit coup d’œil, ne serait-ce que pour ce très beau face-à-face et pour la certaine noblesse que dégage le film à l’heure où le standard hollywoodien est surtout de bourriner des vilains nazis.