La symphonie fantastique est un biopic romancé consacré à Hector Berlioz, qui n'aura pas été gâté par la vie. Marié une première fois à une femme qui ne l'aime pas, lassée d'attendre ce succès qui ne vient pas, elle le quitte, en emportant leur fils qu'il ne reverra que douze ans plus tard. Ensuite, Berlioz va retrouver son premier amour, l'épouser, et retrouver avec elle l'inspiration qui lui donnera le succès lors de ses symphonies. C'est à ce moment-là que reviendra son fils, devenu marin. Mais quel le chemin fut long pour en arriver là, au point qu'il en a un goût amer.
Comme on dit, il faut replacer l’œuvre dans le contexte de l'époque. Le film a été produit en 1942 par la firme allemande Continental, qui laissait mine de rien beaucoup de latitudes aux cinéastes français pour proposer des divertissements qui ne devaient pas parler de sujets qui fâchent. Car on peut faire une double lecture du film, à savoir un pays (occupé) à genoux, en proie aux difficultés, et qui se relèvera triomphalement à la fin. C'est surtout le portrait d'un homme qui mangera de la vache enragée toute sa vie, et qui ne profitera que trop tard des lauriers, notamment de ceux qui auparavant lui crachaient dessus des années plus tôt et qui aujourd'hui lui mangent dans la main.
Il n'est pas nécessaire d'être amateur de musique classique pour apprécier l'histoire, car elle est soi universelle, mais je ne peux m'empêcher d'y évoquer quelques écueils. Notamment le jeu de Jean-Louis Barrault, qui interprète Berlioz, qui est bien trop âgé en tant qu'étudiant, mais qui surtout reste constamment dans une gravité qui l'empêche au fond d'être émouvant. Ce qui n'est pas le cas par exemple de Renée Saint-Cyr, qui joue Marie Recio, sa deuxième épouse, une cantatrice constamment enjouée qui fera tout pour rapprocher Berlioz et son fils, ce dernier reprochant à son père le décès de sa mère. Notons aussi la présence de Bernard Blier qui joue le meilleur ami de Berlioz, et dont d'ailleurs on peut se demander si il était homosexuel, à vouloir refuser ainsi la compagnie des femmes.
Le film souffre peut-être de n'être qu'en studios, mais ça s'explique aussi par les circonstances du tournage, mais on voit que Christian-Jacque a eu des moyens considérables, des tas de figurants, des décors en quantité... et il ne rate pas la mise en scène des symphonies, que je trouve très belles, avec des travellings circulaires qui montrent à quel point le chef d'orchestre, Berlioz donc, s'épuisait sur la scène.
Même si les faits biographiques sont parfois faux, notamment le rôle du fils et la mort de Marie Recio, dans un but sûrement mélodramatique, La symphonie fantastique m'a permis de découvrir un compositeur talentueux, et par un film réussi.