Le problème de La tarentule au ventre noir est qu’il manque d’équilibre et surtout qu’il livre son meilleur lors des dix premières minutes. La première mise à mort est en effet une belle réussite, marquée par un érotisme doux, une belle partition sonore (du bon Morricone, et ce pour tout le film d’ailleurs, avec un thème récurrent qui marque) et une mise en scène inspirée. Du coup, s’ouvrent en grand les vannes de la curiosité : la suite sera forcément au moins du même niveau, on tient peut-être là un giallo méconnu qui peut rivaliser avec les meilleurs.


Mais à aucun moment Paolo Cavara ne parvient à réitérer la belle performance de son introduction, et c’est bien dommage. Les meurtres suivants sombrent dans une routine peu stimulante, et plus dérangeant, s’enlisent dans une mécanique qui s’avère être de moins en moins crédible au fur et à mesure que la lame continue de s’abattre sur un tas de belles jeunes filles.


Un casting 5 étoiles qui permet à La tarentule au ventre noir de tenir la marée. D’autant plus, qu’une fois n’est pas coutume, le meilleur personnage du film n’est pas le tueur — qui lui ne présente qu’un intérêt minime — mais celui qui le poursuit. Finalement, le principal atout de ce giallo particulier est le tempérament troublé de son enquêteur, partagé entre l’envie d’aider les victimes de ses affaires et ses aspirations personnelles, trop éloignées de ce que nécessite son métier.


Mais c’est un poil juste pour permettre au film de tenir la distance. Dans un giallo, les meurtres, au moins, se doivent d’être soignés et à ce petit jeu là, Cavara déçoit terriblement, en témoignent les deux derniers fais d’arme du cinglé de l’affaire, expédiés en deux temps, trois mouvements, sans aucune énergie. Ajoutons à ce manque d’implication dans le final un rythme mal géré et c’est l’ennui qui pointe parfois le bout de son nez.


Alors certes, si l’on s’en tient aux standards du genre, La tarentule au ventre noir est un giallo correct qui contentera les amateurs des fines lames gantées œuvrant au clair de lune. Mais il ne passe pas le cap du simple film qui vaut le coup d’œil alors qu’il avait tout le potentiel pour être bien plus que cela.


Dommage.

oso
5
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Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les cycles de l'ours : Le giallo et L'ours, Homo Video, en 2016

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le 16 oct. 2016

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oso

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