En raclant les fonds de tiroirs, dans un moment d'ennui, me voilà face à "La taverne du cheval rouge".


C'est filmé en 1945, Yvonne de Carlo n'a pas encore complètement pris la place qui sera bientôt la sienne à Hollywood. Elle est belle et pleine de cette vitalité qui la portera dans la majorité de ses rôles futurs. Rayonnante, malgré son jeu très affecté, elle tient là l'un des ses tout premiers rôles importants.


La voilà dans ce "western-musical-romantique" en tenancière d'un "dancing" : le cheval rouge. Moulée dans des robes aussi sexy qu'extravagantes (sa marque de fabrique dans de nombreux rôles similaires) elle chante des bluettes, sur fond de technicolor, devant un auditoire de gentils benêts béats d'admiration.


Arrive Johnny Hart, un grand et ténébreux inconnu (interprété par Rod Cameron - son partenaire dans "Salomé") , chemise noir, éperons et bandana autour du cou. A la manière d'une Scarlett O'Hara du pauvre (gifles et jets de porcelaine en prime, comme son modèle de 1939), vexée mais décidée à se faire respecter, elle finit par conduire le malheureux devant l'autel sous la menace d'une arme. Cette introduction mènera le pauvre spectateur dans une romance sur fond de vengeance aussi anecdotique que kitchissime. Quiproquos, malentendus et rival à moustache gominée compléteront le tableau pour les 1h et quelques de film restant.


En résumé "La taverne du cheval rouge" c'est : un scénario sirupeux, des décors de carton pâte et des tentatives d'incrustations louables (scène de la petite fille sur l'arbre au-dessus du vide), des répliques insipides et une distribution de seconds rôles peu convaincants.


Parfois drôle (la scène de la petite fille et du serpent) le film n'a clairement d'intérêt que pour la succession des robes d'Yvonne De Carlo, toutes plus spectaculaires les unes que les autres. Pourra-t-elle enfin élever sa petite fille et vivre heureuse pour toujours auprès de son rebelle d'opérette Johnny ? Franchement, rassurez-vous ce n'est pas le suspens qui vous fera frémir sur votre canapé...


L'effroi viendra d'ailleurs. C'est du côté des idées véhiculées par le scénario et les dialogues d'une autre époque que la menace pourrait bien surgir :



  • Une femme doit être la servante d'un homme,

  • Une femme n'a pas besoin d'être aimée par l'homme qu'elle aime, mais simplement de savoir qu'il a besoin d'elle,

  • La fessée est un outil hautement éducatif,

  • Un homme qui frappe un enfant ou une femme montre par ce geste tout l'amour qu'il leur porte... (la petite Marianne dira même 2 fois : "Tu me tapes... C'est donc que tu m'aimes !")


Si vous voulez découvrir la très jolie Yvonne de Carlo, sa carrière est assez riche pour que vous vous rabattiez sur un autre titre ("L'esclave libre" ou "Pour toi, j'ai tué" par exemple ).


Au total, il paraît évident que ce film n'est pas à laisser à la portée des enfants ou de tout autres esprits influençables. On ne sait jamais, un malheur est si vite arrivé... ou presque.

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le 20 avr. 2016

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