Lundi 14 octobre dernier s’est tenue une séance de cinéma particulière à l’espace Flagey. Il s’agissait en effet de l’avant-première du nouveau film de la réalisatrice belge Marion Hänsel (No Man’s land, Presque Rien, Baptême) et de l’ouverture du Festival Voix de femmes (bien que celui-ci démarre le 18 octobre pour le grand-public).
Marion Hänsel était présente en compagnie des acteurs Marilyne Canto (Les neiges du Kilimandjaro, Le dernier pour la route) et Adrien Jolivet ( Voleurs de chevaux). Après nous avoir parlé un peu de son film avec un grand enthousiasme et beaucoup d’affection pour son équipe, la séance a finalement débutée dans la magnifique salle du studio 4.
Après 1h30 de rires et d’un road movie pas vraiment comme les autres, la définition donnée par la réalisatrice en introduction de « La tendresse » saute aux yeux, et surtout, touche au cœur. La tendresse, selon cette pétillante dame, c’est tendre vers les autres, c’est la bienveillance, donner sans (vouloir) recevoir, ne vouloir que le bien de son prochain.
Et c’est effectivement ce que montre avec brio le film, usant d’un humour frais et bien placé, les comédiens formant une équipe soudée en incarnant cette famille séparée, chacun emmenant le spectateur dans son histoire propre, sans jamais vraiment se détacher des autres. C’est ainsi que l’on assiste à l’histoire d’amour de Jack, à la solitude et aux balades nocturnes de sa mère Lisa, ainsi qu’à la nostalgie de son père, Frans, qui semble regretter son ex-femme qu’il a délaissée bien des années auparavant.
Sur le papier, une histoire pas très originale : celle d’un couple séparé, qui se retrouve le temps d’un voyage de deux jours pour aller chercher leur fils hospitalisé à l’étranger suite à un accident de ski. Seulement, la photographie de ce road movie fait rêver et donne envie de prendre le large, on rigole du début à la fin, on s’attache, et lorsque le voyage se termine, on est presque déçu de ne pas avoir droit à quelques minutes en plus. La grande force de ce film est de ne jamais tomber dans le cliché et le gnan-gnan facile, grâce à une subtile alchimie qui tient presque du miracle, on accepte à bras ouvert la morale donnée par Marion Hänsel et citée par Jack : les gens doivent s’entraider.
Car la tendresse, ce n’est pas seulement un geste que l’on a pour ses proches, mais aussi bien pour un étranger en détresse : un auto-stoppeur qui a besoin de traverser le péage, comme dans le film, mais aussi ces gens que l’on voit tous les jours et auxquels nous ne faisons pas toujours attention : la maman avec sa poussette qui doit monter dans le tram, le sans-abri qui joue de la flute au coin de la rue, la petite vieille qui a trop de courses à porter, le petit garçon perdu dans le supermarché, l’aveugle qui doit monter des escaliers,… Autant de personnes, qui, avec un geste simple de notre part verraient leur journée s’illuminer. Tel est le message que nous fait passer la réalisatrice au travers de son film.
Faire confiance aux gens, c’est une histoire de tendresse donc, et on y croit fort quand on sort de la salle après ce film.
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