C'est dans une Ukraine en pleine métamorphose que deux groupes de cultivateurs aux modes de pensée différents s'affrontent, et c'est autour du destin d'un jeune communiste que Dovjenko axe son histoire.
La force du film se trouve d'abord dans la façon dont Dovjenko capte tout ce changement dans l'histoire de son pays, à savoir la mécanisation du travail et la collectivisation des terres. A travers un scénario finalement assez simple, il met en avant un combat d'idéologie et de vision du monde et de la politique à travers un drame et le destin de ce jeune communiste. Malheureusement, cette histoire est parfois alourdie par un message un peu trop appuyé mais finalement qu'importe, tant Dovjenko apporte de la puissance et de la force à son oeuvre.
Techniquement audacieux La Terre livre son lot d'images fortes, notamment lorsqu'il montre la violence de ce combat, tant sur le plan idéologique que physique. Il retranscrit très bien cela à travers un visuel ingénieux où les plans marquant se succèdent. L'ensemble est bien rythmé et le réalisateur sait mettre en avant ses personnages, notamment ce jeune communiste, tout en captant les moments forts à l'image du final.
Peu à peu la tension monte mais Dovjenko n'en oublie pas le lyrisme et met en avant la nature entourant les paysans. Il orchestre les images avec brio à travers un montage ingénieux et en retranscrit toute la beauté, comme peuvent en témoigner les pluies lors de la dernière partie. Et finalement, c'est l'émotion qui va prendre le pas dans son récit, captant toute la force de cette lutte et des drames qui vont y découler.
Si le côté propagande n'est pas tout à fait maîtrisé et apporte quelques lourdeurs au film, c'est finalement sans grande conséquence tant Dovjenko arrive à lui donner de la puissance et à capter toute la force et l'émotion de cette lutte, tout en nous livrant de magnifiques tableaux naturels. (merci à SanFelice pour la découverte !)