Howard Hawks est l'un des auteurs les plus réputés du cinéma américain: westerns, films noirs, films de gangsters, Afrique. A cause de ses choix dans les genres abordés, à cause du volume de sa filmographie (près de 50 films) et à cause des w et des H présents dans son nom j'ai longtemps eu plus que de l'indifférence méfiante à son égard. Tout portait à me faire croire que ce gars-là était un nabab intouchable d'Hollywood, célébré par ses pairs et porteur arrogant de l'impérialisme culturel américain. Quand j'ai appris qu'il était au contraire méprisé et considéré comme un tacheron par le tout Hollywood, il m'est appparu tout d'un coup beaucoup plus sympathique. J'ignorais aussi qu'il était l'auteur de La Terre des Pharaons.
Car ce péplum (genre qui me convient mieux à cause de mon intérêt pour l'Histoire) a une importance particulière pour moi. C'est le premier premier film que j'ai vu (à l'occasion d'un après-midi cinéma en classe primaire)... et qui m'a laissé des souvenirs intacts. Terrorisé à l'époque par le serpent dressé pour tuer le jeune fils du Pharaon Khéops (IVéme dynastie), et fasciné par les mécanismes de la grande pyramide qui permettent de déplacer de lourdes pierres grâce à l'écoulement du sable, j'ai eu mes premiers frissons érotiques en voyant Nellifer, la princesse de Chypre, interprétée par Joan Collins (21 ans dans le film, revue ensuite bien plus tard dans Dynastie), (phrase longue à la Proust nécessitant une fin rapide) se faire fouetter quasiment nue. Et, (mais c'est sans rapport avec le fouet) j'ai aussi compris pour la première fois qu'une jolie femme pouvait cacher une âme vénale et perfide.
Khéops construit sa pyramide dans le but d'en faire un coffre-fort inviolable pour y cacher tout l'or qu'il a pillé (et continuer à en profiter tout peinardement dans l'au-delà). Comme quoi l'expression : « On n'a jamais vu un coffre-fort suivre un corbillard » était fausse à l'époque. Pour une petite info sans trop de rapport avec le film le visage du sphinx de Guizeh serait celui de Khéops.
La Terre des Pharaons est une très bonne reconstitution historique, c'est filmé en Cinémascope, avec des centaines de figurants, et la fin est inattendue. Ce film assez méconnu est donc resté pour toutes ces raisons tout en haut de ma pyramide de souvenirs cinéphiles.