La Tête ailleurs par goldie
Quintessence du film-sachet de thé, La tête ailleurs relève de l'épreuve en cours de visualisation. On aimerait bien demander s'il n'y aurait pas carrément autre chose à boire, même une soupe lyophilisée, tant c'est insipide. Pas un sourire, pas une once d'émotion ne vient animer la monotonie ahurissante de Patrick Perrin, loser fourmillant de rêves d'autre part ; pas même ses maîtresses passagères dont il scrute les parties génitales avec une curiosité certaine. A l'affût d'un soubresaut qui ne viendra jamais, à peine émoustillée par une chute vaguement ésotérique, j'avais l'impression d'une soporifique séance de babillage à la théine au service gérontologie de Brive-la-Gaillarde.
En définitive, seul intérêt, mais de taille : la décantation. Sous ses dehors frigides, le film (et surtout l'après-film) met en lumière la fabrication de l'imaginaire, les rêves morts-nés, la peur colossale de l'inconnu. Le reflet de Patrick Perrin dans la glace se présente en anglais, en espagnol, plein d'espoir ; mais lorsque le hasard le pousse du doigt, il maquille son faux départ à coups d'UV et de chemises fleuries. Jusqu'à sa mort, il n'aura voulu que cette longue rêverie hébétée, habitée de jungles et d'ombres étrangères, croyant sans jamais oser ; un thème si dense qu'il fait regretter un tel film de surface.