La Tête Contre les Murs est un film de fou sur les fous . C'est donc un film sur une beauté folle. Tourné en 1958 à l'âge de 50 ans , ce premier long métrage de fiction de Franju intervient juste après avoir réalisé quinze courts métrage .
Jean Pierre Mocky y incarne un jeune homme rebelle , interné dans un hôpital psychiatrique par son père et qui tente par tout les moyens de s'évader .
Mocky découvre le roman d'Hervé Bazin (je précise j'ai vu le film sans avoir lu le livre -donc les informations que je donnerai au sujet du livre je les ai prises de-ci de-là) ... il va l'adapter , il s'occupe des dialogues , il va choisir les acteurs...
MAIS (je te préviens , je n'irai pas plus loin ... AH JACQUES) la production lui fait bien comprendre qu'il est " trop jeune" ... il faut le réaliser par quelqu'un d'autre ... il va d'abord vers Alain Resnais ... mais dirait les jeunes il est pas "chaud" pour le faire ... connaissant Franju (Mocky) , il va lui demander de le faire ... et la il lui dit pas question (mais non je plaisante sans ça il n' y aurait pas son nom à l'affiche hé banane)... bien sur qu'il accepte ...
L'idée même qu'une autre psychiatrie est possible est quasiment inexistant chez Bazin alors que c'est le thème principal du film de Franju ... D'ailleurs , une annonce est faite au début du film : "Le monde étrange où vous allez pénétrer vous montrera la tâche immense qu'il reste à accomplir pour transformer les conditions de traitement des malades mentaux". voila ...
C'est un film à thèse .
La question est de savoir si on est là pour soigner des malades ou pour sauver la société ...
Ou on place le curseur ?
Le film a été vu par beaucoup de conférence de psychiatre ... il y avait peu de film sur ce domaine là .
Les repérages faisant , l'équipe du tournage a été dans un asile ... dans le jardin , ils ont assités à un drame : un des malades a trancher la gorge de quelqu'un d'autre .
Franju a été profondément traumatisé , il prenait déjà des médicaments et s'était remis à boire à ce moment là .
Mocky a du lui même retourner certains plans (notamment le plan de l'enterrement ) .
Voila ce que j'ai retenu (en pêchant les informations) du personnage de Bazin ... c'est un personnage assez ignoble .
À chaque fois qu'il s'évade (six au total) de différents hôpitaux ou il se trouve , il utilise des personnes tout en leurs volant leurs argent .
Il séduit des femmes, puis les jettent , bref un personnage totalement antipathique ...
Chez Franju c'est l'opposé .
C'est une victime dont Mocky le joue d'une maniére tendre et avec de la retenue (plutôt étrange quand on connaitra le Mocky d'après) .
La musique est très importante au film , et c'est Franju qui amène Maurice Jarre à la bande-son .
Le film s'ouvre par le personnage sur sa moto avec une musique tonitruante et d'un seul coup , la musique se coupe pour quelque chose de plus doux à la fois onirique et poétique .
Une alternance entre la musique rapide , vive et d'un seul coup de douceur .
Ça annonce ce personnage qui serai un peu instable .
Le surréalisme intervient à certaines situations , et celle du chant du discord à la fin de l'église , intervient un cri dont on ne comprend pas à quoi il sert .
Et dans ce lieu , étrangeté et fantastique surgissent du réel avec évidemment la fabrique de la lumière et des contrastes , des perspectives et des cadrages ...
Notant aussi des contre-plongées ou on voit tout de suite le plafond souvent rayé qui enferment ses personnages ...
Comme ce plan avec les colombes ou les deux médecins (Pierre Brasseur et Paul Meurisse) discutent .
On est déjà dans le cinéma de Franju que l'on connait : l'enfermement tout en se liberant rarement .
Pas forcement un lieu mais visiblement soi même .
Il ne me reste plus beaucoup de film à voir de Franju (mais que l'on peut trouver à cette liste là https://www.senscritique.com/liste/realisateurs_de_tout_les_temps/3268775 ) pour qu'enfin je lui consacre une liste à ses meilleurs films ( et ce premier film , je le recommande , bien qu'on peut faire le reproche à certains personnages de manquer de consistance, que j'ai vu un week-end en replay sur la chaine Cine +) , tout en laissant le mot de la fin à Pierre Brasseur , dans ce rôle de médecin à la Docteur Mabuse (mais qui sera plus inquiétant dans "Les Yeux Sans Visage") : "Il n'y a que les malades qui rêvent d'évasion ... est-ce que je m'évade moi ?"
Ben , tu devrais vieux ( ah ben non , c'est moi qui l'ai eu le mot de la fin) !