La Tête de maman par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Lulu est une adolescente de quinze ans, véritable garçon manqué. Elle vit en conflit permanent avec sa mère Juliette, une hypocondriaque recroquevillée sur elle-même. Celle-ci est mariée à Antoine, un homme pourtant charmant, possédant une profession nécessitant de nombreux déplacements mais rien n'y fait, Juliette semble en dehors de tout ce qui l'entoure et reste des heures assise sur le banc de son jardin, le regard vide. Un jour, Lulu, en visionnant un vieux film super 8, découvre que, vingt ans plus tôt, sa mère était heureuse, riait, faisait l'amour avec un jeune homme. Lulu, afin que sa mère s'occupe d'elle, va alors tenter de retrouver cet homme. De plus, cela pourrait peut-être redonner le goût de vivre à Juliette et par là-même lui faire retrouver le sourire, sait-on jamais? Toutefois, les retrouvailles ne se passeront pas exactement de la manière escomptée par Lulu...


Il faut bien avouer que le climat décrit par Carine Tardieu, et dans lequel Lulu essaye de survivre, est assez invivable : une mère complètement hors circuit et qui, jeune, rêvait de devenir vétérinaire, un père qui, malgré ses absences dues à son métier, fait ce qu'il peut pour supporter cette ambiance. La fille, Lulu, est quant à elle caractérielle, brutale, et l'on présume que cette mère repliée sur elle-même et le manque d'affection que cela provoque sont la cause de ce traumatisme. Le seul but de cette adolescente qui ne se reconnaît que dans le personnage de Jane Birkin, son idole, est bien sûr de partir à la recherche de l'ancien compagnon de sa mère afin de guérir Juliette de sa déprime. Celui-ci se prénomme Jacques et travaille dans un zoo. Elle y parviendra mais à ce moment, elle va se montrer troublée par l'attitude de sa mère vis à vis de son ancien amoureux. Un brin de jalousie va s'installer chez la jeune fille. Néanmoins des évènements hors du commun vont pousser Lulu à accepter cette situation et même à favoriser les rencontres entre Juliette et Jacques.


Je vous présente ici le troisième film de Carine Tardieu et si je défends le plus souvent et avec enthousiasme les films traitant de cas sociaux et de problèmes de l'adolescence, pour celui-ci mes bonnes intentions habituelles se sont envolées en quittant la salle car je ne suis jamais "entré" dans ce sujet traité maladroitement. La réalisatrice a certainement du talent au niveau de la technique et de la mise en scène car durant tout le film nous avons droit à des tonnes d'effets d'images, de flash back et autres... bref, Carine Tardieu nous dévoile tout ce qu'elle sait faire avec une caméra à tel point que tout cela finit par devenir bien pesant. Il est vrai que l'intrigue et les états d'âme des personnages qui en découlent sont bien conventionnels sur le plan de l'analyse du comportement dépressif de Juliette, la maman, et de Lulu, la fille en pleine crise d'adolescence. Les ficelles sont énormes; le film, notamment le final, traîne en longueur à tel point que les aspects sentimentaux et dramatiques en perdent toute efficacité. On ne peut en vouloir aux deux principales actrices Karin Viard et Chloé Coulloud qui tentent de nous persuader de leur mal de vivre. Kad Merad et Pascal Elbé surnagent et essaient de nous arracher un brin de compassion sur leurs destins. Quant à Jane Birkin, elle nous joue un rôle de "refuge imaginaire" pour Lulu qui n'apporte pas grand chose à l'histoire et... à elle-même. Néanmoins, je n'ai pas tout perdu en allant voir ce film car j'ai apprécié la très jolie musique composée par Eric Neveux.


Voilà donc un film qui n'apporte pas grand chose, pas même l'émotion qu'il est sensé dégager. C'est pourquoi si je devais donner un titre à ce film traitant des états d'âme de Juliette et de sa fille, je l'appellerais: "Voyage au bout de l'ennui".

Créée

le 11 sept. 2014

Modifiée

le 10 sept. 2014

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