Petit film sans prétention - enfin j'espère - de Jean Becker, La Tête en Friche reste une très mignonne histoire de transmission, et pas si niaise que ça vu les références littéraires qu'elle distille...
Germain - interprété par un Gégé en grosse forme - n'a jamais connu son père ayant profité de la fête du 14 juillet pour engrosser sa mère, qui n'aurait pas la fibre maternelle selon ses dires, et on veut bien le croire... On sent qu'il est un poids pour elle, au propre comme au figuré, et comme à l'école ça n'a pas du tout marché, le désormais quarantenaire (quinqua ?) semble s'enfermer dans son "rôle" d'imbécile heureux du village. Analphabète, gentil et maladroit, il voue une passion au jardinage de son potager et à la nature en général, parlant à son chat et donnant des prénoms aux pigeons du parc où il a l'habitude de grignoter son jambon-beurre. Il connaît donc par coeur les pigeons, comme la variété de tomate "coeurs de pigeons" ! Hihi.
Il passe le plus clair de son temps au café du coin où on l'aime bien mais où l'on se fout aussi un peu de sa trogne, surtout lorsqu'il confond Guy de Maupassant avec le guide Maupassant, ou bien avec sa petite amie conductrice de bus, plutôt mignonne et apparemment plus jeune et cultivée que lui (pas hyper crédible comme copine mais bon, pourquoi pas).
Un jour, Germain s'assied à côté d'une vieille dame (Gisèle Casadesus) qui, échangeant d'abord avec lui sur ces volatiles communs, finira par lui faire la lecture après que lui-même lui pose le genre de question qu'il a d'habitude honte de poser aux autres pour ne pas subir leurs railleries. Et, petit à petit, fort d'une certaine mémoire et capacité à imaginer les scènes qu'elle lui raconte, il prendra goût à ces petites parenthèses enchantées - le passage de La Promesse de l'Aube est magnifique. Il faut dire que cette vieille femme lui fait la lecture comme il aurait probablement aimé que sa mère le fasse...
Mais tout n'est pas aussi simple que cela... Plusieurs fois il voudra abandonner la route du savoir, se résignera, notamment parce qu'il trouvera le dictionnaire qu'elle lui offrira trop compliqué à utiliser, et trop généraliste (dans d'autres termes que le mien bien sûr). Mais c'est tellement agréable de rabattre le caquet des moqueurs à coup de réparties plus ou moins littéraires ! C'est qu'il y prend goût le Germain ! Et, pas ingrat, il finira même par lui faire la lecture à Margeritte (avec deux "t"), que la lecture commence à beaucoup fatiguer...
Enfin voilà quoi, c'est une histoire simple, jolie, et sensible, à l'image de sa réalisation. Et s'il y a clairement un petit côté bisounours dans l'ensemble, celle-ci ne tombe jamais dans le pathos (à part peut-être sur le générique final) et a même réussi à me toucher. Car même si ce n'est pas trop mon genre d'habitude, je trouve ce message d'espoir, par la transmission des savoirs, particulièrement bienvenu et efficace. Tout ce que j'attends de ce genre de petits films français en tout cas.
7,5/10