Deux ans après le très beau Elle s'en va revoilà Emmanuelle Bercot. Mis en lumière pour avoir été le film d'ouverture du Festival de Cannes il y a quelques jours, La tête haute est l'un des premiers vrais chocs français de l'année. L'histoire de ce jeune délinquant est traitée de façon très documentaire. Pour ma part, j'y ai vu du Ken Loach et du Dardenne. Je n'ai pas grand chose à reprocher au film. Juste une fin un peu trop facile et angélique, et le personnage de la mère joué par Sara Forestier. Je trouve qu'elle n'est pas crédible et en fait des tonnes. Le jeune Rod Paradot est par contre formidable. Découvert lors d'un casting sauvage, il est une vrai révélation. Reste à voir s'il pourra jouer autre chose ou s'il sera l'acteur d'un seul film. Le reste de la distribution est à la hauteur. La grande Deneuve est parfaite en juge pour enfants, et Benoît Magimel, que je n'apprécie pas particulièrement, très bien en éducateur. La mise en scène, à l'image de son personnage principal, même si elle aurait pu être encore plus tendue, est traversée par une belle rage, une violence, une urgence. On détecte malgré tout chez Malony un manque, une tendresse maladroite, une envie d'autre chose. On a autant envie de le claquer que de l'aider. Bercot et sa co-scénariste se sont apparemment bien documentée, en assistant notamment à des audiences et en suivant des éducateurs, et on apprend plein de choses sur le système social et judiciaire pour mineurs. Avec ces gens qui se dévouent corps et âmes pour les empêcher de sombrer définitivement. Au final, La tête haute est d'un réalisme frappant. Dur, sec, violent, poignant, entouré d'une émotion brute. Un beau choc et une bonne claque dans la gueule comme le cinéma (français) ne nous en donne malheureusement plus beaucoup...
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