D'abord, un carré d'acteurs formidables : Deneuve, Magimel, Forestier, Paradot.
Deux femmes, deux hommes
Quatre âges de la vie : 60 ans, 40 ans, 30 ans et 15 ans
Quatre acteurs aux parcours différents : Catherine Deneuve, actrice emblématique du cinéma français, Benoit Magimel, plus de 50 films au compteur, Sara Forestier, surdouée de sa génération et certainement sous-exploitée et enfin Rod Paradot, premier rôle.


Ces quatre-là, Rod Paradot l'ado asocial en souffrance, Forestier sa mère, Magimel l'éduc spé et Deneuve la juge, nous offrent deux heures durant des échanges d'une grande intensité.


Et une trajectoire.


Celle de ce gosse, Malony, que l'on découvre à 3 ans, à l'occasion d'un premier plan tourné en caméra mouvante dans l'espace clos du bureau de la juge, saturé par les hurlements d'une mère visiblement immature et dépassée par les évènements. Un chaos dans l'image et dans le son dont on pressent qu'il a déjà dû envahir l'esprit de ce petit gamin et perturber l'équilibre dont il devrait bénéficier pour se construire.
Malony que l'on retrouve de fait, 10 ans plus tard, ballotté de centres ouverts en centres fermés, de voitures volées en tribunaux, dans une dérive sans fin.


Le parti pris réaliste d’Emmanuelle Bercot, ses personnages au langage cru, ne sont pas sans faire penser à Mommy, le film de Xavier Dolan. Steve comme Malony sont de véritables bêtes sauvages en quête d'amour - l'expression "Je t'aime" étant une des clés de la Tête haute. Besoin d'amour donc mais surtout d'une reconnaissance maternelle. Cela se manifeste par un désir de fusion avec la mère dans Mommy et dans La Tête haute par le jusqu'au boutisme de Malony. Celui-ci n'ayant pour raison de vivre que celle de se faire remarquer aux yeux de ses "deux mères" : Sara Forestier en mère/fille irresponsable d'un côté, et Catherine Deneuve en mère de substitution/dépositaire de la loi.


Mais là où Xavier Dolan met au service de ses personnages une mise en scène à l'écriture très personnalisée, très originale, Bercot n'use d'aucun effet de style pour raconter son histoire. Seule l'intéresse la trajectoire de Malony, son personnage principal et elle n'hésite pas à le suivre jusque dans ses excès les plus désespérants.
Au risque de lasser.
De fait, on a le sentiment que le dernier quart d'heure est de trop ou du moins que la conclusion - dont chacun pensera ce qu'il veut - aurait pu venir plus tôt, permettant au film de garder jusqu'au bout sa tension initiale.
Un film vrai malgré tout, un film généreux.


Mise en scène : 6/10
Interprétation/dialogues/personnages : 9/10
Scénario / 6/10


Soit une moyenne de 7/10

Theloma
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Lumière d'été, Regards d'enfants et Quelques titres pour des matins triomphants.... ou pas

Créée

le 15 avr. 2016

Critique lue 478 fois

16 j'aime

6 commentaires

Theloma

Écrit par

Critique lue 478 fois

16
6

D'autres avis sur La Tête haute

La Tête haute
Charles_Dubois
3

"Seule contre la justice ! J'les encule tous ces bâtards !"

Oreilles pudiques s'abstenir. Ici on est dans du réalisme madame. Du vrai. "La Tête Haute" est typiquement le cinéma que je vomis. Celui qui se dit "social" et qui de ce postulat décide de se...

le 13 mai 2015

33 j'aime

7

La Tête haute
langpier
6

Le voir pour le croire

Film d'ouverture au Festival de Cannes, La Tête haute ne vaut pas que pour sa jeune notoriété, pourtant déjà gratifiante. Le nouveau film d'Emmanuelle Bercot a l'audace d'aborder une thématique que...

le 29 mai 2015

29 j'aime

12

La Tête haute
Grard-Rocher
6

Critique de La Tête haute par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Malony est un ado qui a la malchance d'être livré à lui-même depuis sa plus tendre enfance. Il vit avec sa mère Séverine et son petit frère. Le malheur de Malony est de manquer de repères car sa mère...

28 j'aime

13

Du même critique

Us
Theloma
7

L'invasion des profanateurs de villégiature

Avec Us et après Get Out, Jordan Peele tire sa deuxième cartouche estampillée "film d'horreur". Sans vraiment réussir à faire mouche il livre un film esthétiquement réussi, intéressant sur le fond...

le 21 mars 2019

108 j'aime

33

Ad Astra
Theloma
5

La gravité et la pesanteur

La quête du père qui s’est fait la malle est un thème classique de la littérature ou du cinéma. Clifford (Tommy Lee Jones) le père de Roy Mac Bride (Brad Pitt) n’a quant à lui pas lésiné sur la...

le 18 sept. 2019

97 j'aime

55

Life - Origine inconnue
Theloma
7

Martien go home

Les films de série B présentent bien souvent le défaut de n'être que de pâles copies de prestigieux ainés - Alien en l’occurrence - sans réussir à sortir du canevas original et à en réinventer...

le 21 avr. 2017

81 j'aime

17