La séance 2 fist Infernal.

Si ce film m'aura apprit au moins une chose c'est que je ne suis pas prêt de devenir homosexuel étant donné que je n'ai pas du tout apprécié la manière dont je me suis fait enculer. Je ne sais pas, il n'y a peut-être que moi qui lorsque je vois annoncée une avant-première avec écrit en gros "En présence d'Eric & Ramzy", m'imagine que le duo comique puisse être présent en fin de séance pour répondre aux questions du public et éventuellement accorder quelques photos et dédicaces aux spectateurs ayant payer leurs places. J'étais loin de m'imaginer que nos deux mongoles se pointeraient dans la salle avec 20min de retard et resteraient 2min chrono pour vanner les retardataires arrivés en même temps qu'eux, puis se barrerait tranquillement vers la sortie de secours direction Nîmes, Béziers et Perpignant pour refaire exactement le même numéro trois fois de suite dans la même journée.
Mon avis était alors un peu biaisé dès le départ puisque j'étais choqué et déçu avant même que la séance ne commence. Cependant, je puis vous assurer que si le film avait vraiment été une tuerie, il aurait été le GHB efficace pour me faire oublier mon viol anal et pardonner à mes deux idoles déchues leurs pratiques putassières. Malheureusement, même si le produit fut par moments efficaces, il n'était pas assez puissant et trop inégal pour me faire perdre la mémoire.

Avant de commencer, il est important de rappeler ce qu'était La Tour Montparnasse Infernale et d'expliquer les raisons de son succès. Ce film mettait en scène deux laveurs de carreaux, non pas deux laveurs de carreaux interprétés par Eric & Ramzy mais bel et bien les personnages dont nous a habitué le duo au cours de leur carrière sur les planches parisiennes, des personnages que nous connaissons très bien et que les deux compères maîtrisent à la perfection. Le but est donc de les placer dans un cadre bien spécifique où leur potentiel comique pourra être employé à son maximum. Notre duo se retrouve alors au cœur d'une prise d'otages au sein même de La Tour Montparnasse, ils sont apparemment les moins compétents pour désamorcer le plan des brigands mais c'est justement leur stupidité hors du commun doublé par un sacré coup du destin qui vont leur en donner la possibilité. Tout le film repose là dessus : observer comment ces deux mongols vont réussir à se sortir de toutes les situations possibles, de façon complètement improbable à chaque fois. Concept simple mais qui fonctionne et ce pour plusieurs raisons. D'une part grâce à la performance des acteurs, Eric & Ramzy excellent dans leurs personnages, le duo fonctionne à merveille et nous gratifie de moments inoubliables en particulier lorsqu'ils sont seuls à seuls, d'idiots à idiots. On leur doit des répliques cultes tels que "C'est de toute beautééé", "Que la force de Peter Mcgalaway soit avec moi", "racaille de Shanghai" et la liste est encore longue. Les autres interprètes sont à l'inverse très sérieux et justes dans leurs rôles, rendant ainsi le contraste avec ces deux abrutis encore plus jouissif. D'autre part, le film possède également une gestion du rythme impeccable. La mise en scène signée Charles Némès (qui officia de longues années sur la série H et qui s'impose donc comme le plus à même de dompter la folie incontrôlable de ces deux énergumènes sur un plateau de tournage) est simple mais efficace. Avec deux trois astuces de mise en scène pas folichonnes mais appuyant bien certains gags visuels. Enfin le dernier point faisant de ce film une réussite c'est son écriture. Alors oui, il est évident que si vous n'aimez pas l'humour d'Eric & Ramzy vous pourriez être en profond désaccord avec ce que je dis, mais c'est un fait, je trouve ce film bien écrit. En effet, les scénaristes alternent entre des moments de débilité profonde avec leurs personnages principaux, des gags purement visuels, des moments d'humour entre les preneurs d'otages se basant sur la psychologie des personnages (le leader ne supportant plus d'être rabaisser par Stéphanie alors qu'il en est follement amoureux, bon ouais la psycho des persos n'est pas trop fouillé mais n'a pas vocation a l'être, elle a surtout vocation à être drôle). Tout ceci s'enchaîne et se marie dans une cohérence parfaite. A noter également que le film contient beaucoup, BEAUCOUP de runngings gags tous plus mémorables et hilarants les uns que les autres et qu'à aucun moment ces derniers ne semblent usant ou répétitifs. Ils sont dosés avec parcimonie, à chaque fois utilisés à des moments opportuns et surtout, chacune de leurs utilisations récurrentes les enrichis d'avantage. C'est de cette manière que l'on se doit de gérer le comique de répétition, autrement on risque vite de le transformer en comique répétitif et on prend le risque d'alourdir considérablement l'effet comique recherché.

La Tour Montparnasse Infernale est donc une comédie réussissant tout ce qu'elle entreprend de faire, très drôle si l'on est évidemment sensible à ce genre d'humour et surtout complètement personnelle car à l'image de son duo vedette. Une prouesse que les deux amis ne sauront jamais reproduire par la suite. 15 ans plus tard, alors que leur duo bat de l'aile, difficile de ne pas voir dans cette suite improbable le projet de dernier recours afin de reconquérir un public qui leur est de moins en moins fidèle. C'est aussi une façon pour eux de relancer leur couple sur une base solide après une longue période de séparation provisoire où chacun commettait les infidélités qu'il voulait dans son coin. Eric ayant d'ailleurs réussi à se mettre toutes les critiques dans la poche grâce à sa série Platane là où Ramzy est toujours cantonné à l'arabe de service dans tout le (mauvais) cinéma français, on voit bien qui des deux a le plus intérêt à ce que le duo retrouve sa gloire d’antan.

Toute cette énorme digression nous amène donc à notre film du jour. Déjà il convient de vous prévenir, cette suite se distingue clairement de son prédécesseur par un changement de ton et de structure assez radicale. En effet, alors que le premier opus conservait une structure narrative assez classique, une histoire au premier degré en trois actes, avec une progression dramatique amenant à une conclusion finale, ce film rond avec tout cela pour nous fournir une comédie complètement absurde et sans aucune logique, ce que n'était absolument pas le premier volet. Le film avait peut-être un humour à prendre au second degré mais son histoire était tout à fait logique. Il y'avait certes des situations complètement improbables mais rien de surréaliste. Ici, Eric & Ramzy coupent tout lien avec le monde réel et ne s'interdisent rien. L'intrigue n'a aucune progression et ne sert juste que de prétexte à aligner les gags minute par minute sans aucun temps mort. En un sens, ce film possède une construction plus similaire aux Dalton qu'à La Tour Montparnasse. Rien de mal à ça cela dit, plusieurs grandes comédies font de même, ne serait ce que la cultissime Cité de la Peur, simplement c'est un choix très casse gueule car il faut que toute cette avalanche de gags soit vraiment hilarante, autrement le spectateur risque d'être très vite soûlé. De plus, cela peut déstabiliser le fan de la première heure qui espérait retrouver un peu le même genre de film que le premier volet et qui peut être déçu du changement de cap effectué. Et malheureusement, notre duo ne s'en sort pas très bien. Je ne vais pas être de mauvaise fois, certaines vannes et quelques gags fonctionnent, mais beaucoup tombent complètement à plat et mettent même carrément mal à l'aise. Les runnings gags sont également bien moins gérés que dans le premier opus. Certaines fois c'est juste pas drôle et on peine à réentendre la même vanne plusieurs fois dans le film, des fois c'était drôle la première fois mais répété jusqu'à plus soif sans aucune évolution du gag ça devient juste lourd. Seul le running gag des portes bonheurs se bonifie au fur et à mesure de ses répétitions, avec une dernière apparition vraiment hilarante pour le coup.
Le film passe également beaucoup de temps à se foutre de sa condition de prequel, développant les origins stories les plus débiles possibles, connectant les deux films par des liens tout aussi stupides et multipliant les références très appuyées qui ne seront drôles que si l'on sait que se sont des références au premier film. En soi, l'idée est très bonne et tout à fait dans l'esprit Eric & Ramzien. Mais la plupart du temps c'est mal amené et bien trop lourd pour qu'on puisse être pleinement réceptif à ce délire là.

Concernant les personnages, car oui là aussi il y'a des choses à dire. Comme évoqué plus haut, dans La Tour Montparnasse seuls les laveurs de carreaux étaient de sombres abrutis, les autres personnages ne l'étaient pas du tout. Ce qui ne veut pas dire qu'ils n'étaient pas drôles, mais ils avaient d'autres traits de caractères et étaient exploité différemment pour provoquer l'hilarité. Ici à part Marina Fois ou Jean-Peter Macgualaway(et encore), tous les persos de la Tour 2 Contrôle sont stupides et sont censés provoquer le rire par leur propre stupidité. Eric & Ramzy n'étant plus les attardés de l'histoire mais bien les êtres les plus trisos dans ce film de mongols. Alors, encore une fois, ce n'est pas parce que c'est différent du premier film que c'est moins bon. Simplement dans le premier opus, cela offrait un fort contraste qui équilibrait mieux les rapports entre les protagonistes et renforçait d'avantage l'ironie de la situation, car nous avions réellement l'impression que le plan machiavélique des méchants étaient déjoué par de gros mongols. Mais ici, dans un film où tout le monde est dépourvue de matière grise, ce sentiment disparaît complètement et cela contribue à rendre le film encore plus lourd, répétitif, débile et indigeste. De plus, j'ignore pourquoi mais Ramzy fait joue beaucoup moins bien l'attardé qu'autrefois. Ce qui pourrait s'expliquer par le fait que son perso est à un niveau égal de débilité avec celui d'Eric, alors que dans le premier film il possédait quelques neurones en plus mais même pas. A chacun de leur sketch ou de leur fiction, les compères se sont toujours intervertit le rôle du plus stupide des deux. Ramzy fut le plus gros mongol dans Les Dalton ou H et à chaque fois cela fonctionnait à la perfection. Il avait une manière différente de celle d'Eric pour interprété l'abruti finit, plus en finesse qui rendait cela excellent. Ici, il se contente de copier le jeu d'Eric et ça ne marche pas.

Côté réalisation pour terminer, Eric Judor nous gratifie d'une mise en scène un peu plus travaillée que celle de Némès, ce qui est tout à son honneur vu la teneur du film. Dommage qu'il ne se soit guère plus lâché en offrant une réal complètement délirante à la Edgar Wright afin d'accentuer la folie de son long-métrage, car on sent du travail et de la passion, mais rien de vraiment ouf et peu de choses servant à donner de l'impact à un gag ou une situation comique. On notera la repompe intégrale de la musique originale du premier film signée Jean-Claude Vannier (génie inconnu et sous-estimé). Rien de mal à ça, l'OST étant excellente et passant bien ce long-métrage je ne me plains pas du tout de ce choix. Simplement, on aurait pu avoir une nouvelle BO plus en phase avec le délire surréaliste et différent qui nous est servit.

La Tour 2 Contrôle Infernale, malgré quelques bons moments et une volonté de la part de ses auteurs de se renouveler en proposant quelque chose de différent et d'encore plus personnel n'est pas une réussite. Ça me fait de la peine de le reconnaître car malgré leur fist à mon égard, j'ai toujours énormément de sympathie pour ce duo et j'aurais tellement aimé les voir regagner l’adhésion du public tout en les voyant poursuivre leur évolution artistique avec brio. Malheureusement ils ne gagneront ni l'un, ni l'autre et se ne sont certainement pas leurs avant-premières mensongères qui redoreront leur blason. Je pense que dans leur quête de retrouver le succès, Eric & Ramzy ont voulu faire un film de gogols en mettant la double dose d'humour, au point qu'ils en ont oublié que leur humour était certes stupide, mais qu'il se devait d'être fait intelligemment pour être pleinement maîtrisé.