Globalement bien aimé malgré quelques réserves sur la fin dont le ridicule et interminable épilogue façon propagande pachydermique qui est indigeste au possible.
Pour le reste, je suis vraiment conquis par la mise en scène de Shimizu qui mélange documentaire et pure mise en scène avec un sens du mouvement et de la profondeur de champ avec un grand talent pour (re)placer l'homme dans la nature pour de très beaux mouvements d'appareils, le tout avec une photographie sublime (mal desservie par une copie 16 mm médiocre).
Un stylisation qui n'entre jamais en contradiction avec l'ambition sociale du propos (très néo-réaliste avant l'heure - c'est souvent le cas avec le Japon), la caméra accompagnant toujours un élan, un état d'esprit ou l'énergie des enfants.
Le scénario pose lui plus de problème avec un humanisme qui oscille entre une gravité assez réaliste dans le portrait de cette jeunesse en rupture avec leur famille et avec une naïveté un peu plus gênante qui met de côté un certain nombre de problèmes ou de contradictions. On sent cependant que c'est plus le groupe que l'individu qui doit être mis en avant. C'est flagrant à l'image de la dernière partie qui montre les jeunes (pratiquement) se tuer à la tâche pour apporter l'eau dans l'enceinte du foyer. Le travail salvateur, l'unité du groupe, la solidarité, l'effacement de l'individualité pour promouvoir le bien commun... On a vraiment l'impression de quitter (à contre-coeur) la chronique touchante pour virer dans un remake enfantin de Our daily breed de King Vidor en beaucoup moins lyrique et inspiré cela dit.
Ce changement brutal d'approche et la réalisation moins inspirée que durant le reste du film me donne à croire que Shimizu s'est vu forcer de promouvoir malgré lui la glorification de ce genre de camp au détriment de l'approche plus naturaliste du début.
Cette dernière partie se regarde un peu comme une curiosité historique hallucinante en se disant qu'on ne pourrait plus traiter ce sujet de la sorte aujourd'hui (des enfants exploités jusqu'aux évanouissement sans scrupules !).
Celà dit, je dis du bien des 90 premières minutes mais elles sont loin d'être exsangues de tout défaut avec notamment des scènes très répétitives (combien de fois voit-on des enfants vouloir s'évader dans des tentatives rapidement avortées ?). Mais la sensibilité du cinéaste, la spontanéité des jeunes acteurs (que j'imagine amateurs) et surtout la qualité de la mise en scène en font un film à découvrir, mais dont l'idéologie est à prendre avec des pincettes donc.