La Tour Montparnaze Infernale
Je me souviens... C'était pendant mes années de fac... J'avais réussi à débaucher trois potes pour aller se faire une toile au multiplexe du coin. Il y avait un super film à l'affiche : The Ring. Le japonais. Dans ma tête, cela ne faisait pas un pli. Mais, une fois arrivés dans le hall... Hésitation. Fatale quand un de mes amis crie "Eric et Ramzy ! Ca doit être trop bien !" Horreur, car à ces mots, tout le monde se retourne d'abord sur nous... Puis mes ambitions de leur faire découvrir quelque chose de différent se sont évanouies...
En voyant les affichettes moches affublant Ramzy d'une tête de poisson mort sous cocaïne, J'ai d'abord essayé de leur faire entendre raison et de leur dire que c'était bien, The Ring, que ça allait faire peur. On ne connaissait pas encore, en ces temps là, les petites filles pâles habillées comme des clodos avec des cheveux sales. Mais devant l'engouement unanime de mes camarades, j'ai finalement capitulé.
Le pire, c'est que mes amis ont apprécié. Et ri. Beaucoup... Pour ma part. J'ai subi pendant 1H30 l'encéphalogramme plat de la réalisation digne d'un pensionnaire de centre de rééducation pour crêpes bretonnes, ainsi que l'humour pas drôle. Mais je suis méchant. J'ai souri. Une fois, quand Eric interdit à l'assistance médusée de s'approcher de lui, sous peine "de mettre une balle dans la tête à la main". C'est peu. Sinon, j'ai eu plusieurs fois envie de sortir de la salle et de rentrer chez moi en courant, comme notre duo cheap de laveurs de carreaux à la fin du film. Manque de bol, ce n'était pas moi qui avais les clés de la 205.
Pour ne pas casser l'ambiance et passer pour un pisse-froid, j'ai feint la satisfaction et suivi l'enthousiasme général. Quand je suis rentré, ce soir là, je me suis solennellement promis, afin de m'éviter ce genre d'abomination à tout jamais, d'y aller tout seul, désormais, au cinéma. Cela valait mieux.