Comme Le piège d'amour, le gros souci de La tourmente est de commencer tambour battant par une vingtaine de minutes réjouissantes et bourrées d'idées avant de s'enfermer dans un huit clos artificiel et sans grande surprise. De plus les acteurs ne sont pas franchement convainquant pour une interprétation souvent rigide. Lupe Velez est celle qui s'en sort le mieux, et encore son jeu demeure très inégal. C'est surtout que ce personnage de française candide et pure n'est pas très crédible. Velez essaie bien d'apporter de la fraîcheur et de l’espièglerie à son personnage mais l'écriture est trop schématique pour qu'on croie à la tension qui s'installe dans ce ménage à trois où aucun des protagonistes masculins n'attire la sympathie. La faute en vient peut-être de la gestion hasardeuse du temps avec des ellipses maladroites qui n'aident pas à prendre compte de l'évolution psychologique. (Pour anecdotique, il s'agirait du premier scénario écrit par John Huston, enfin co-écrit, et qui fait de la figuration.)
La fin se réveille un peu avec une impressionnante séquence de tempête de neige (en studio), pas forcément très crédible avec une avalanche issue de montagnes sorties de nulle-part, mais Wyler ne ménage pas sa peine et multiplie les mouvements grue au milieu des bourrasques où les comédiens peinent à tenir simplement debout.
On retrouve là alors la vitalité de cette première partie qui mettait trop haut les attentes avec des personnages drôles et bons vivants. Les idées du scénario comme de la mise en scène créaient un enthousiasme irrésistible avec quelques plans remarquables dont un travelling ascensionnels couvrant plusieurs étages.
La fuite du contrebandier et de sa fille ne déméritait pas, avec cette fois un vrai sens des extérieurs dans une vallée escarpée qui se conclut dans des rapides pour une séquence haletante avec plusieurs plans embarqués saisissant dans le canoé (malgré quelques accélérés dispensable).
Quel dommage que le reste ne parvienne pas à rester dans cette dynamique.