Souvent pleins de bonnes intentions, le cinéma de genre hexagonal se contente depuis plus de dix ans de pomper dans les grandes largeurs le cinéma américain (à de rares exceptions prètes), pas franchement aidé par des budgets microscopiques et une visibilité quasiment nulle. Conscient que pour mener à bien sa modeste entreprise il va devoir adapter ses ambitions aux quelques sous mis à sa disposition, Antoine Blossier s'en tire avec les honneurs, même s'il faut reconnaître que le manque de moyens est plus d'une fois palpable et engendre du coup une certaine frustration, vis à vis de la bête d'une part (on ne verra d'elle qu'un bout de groin par-ci par-là), puis de l'absence d'un véritable morceau de bravoure de l'autre. Forcément influencés par les classiques du genre ("Razorback", "Predator", "Les chiens de paille" et bien entendu "Les dents de la mer", constamment cité), Blossier et son scénariste ont la bonne idée de placer leur intrigue dans un cadre bien de chez nous, appuyé par des gueules typiquement françaises (François Levantal en tête) et par des luttes familliales tout droit sortie d'un film de Chabrol. En sort un film bancal et frustrant mais efficace et sincère, digérant parfaitement ses influences et les codes du genre (message ecolo à l'appui), et parvenant à créer une ambiance stressante et proche du conte avec très peu de moyens, qui a également le mérite de ne jamais chercher à être badass à tout prix tout en évitant soigneusement le happy end.