J'imagine que le mec à qui on a confié l'affiche a du se sentir un peu bêta quand on lui a demandé d'illustrer un film qui se passe dans un futur proche qui démarre comme un buddy movie de braquage vaguement à la Ocean's mais qui se conclue sur une traque impitoyable d'une grande violence à coup de fusillades en pleine rue. Bon, effectivement, le résultat de cette affiche n'a rien de très attrayant et ne fait pas honneur à la qualité du film.
La principale composante futuriste de Time to Hunt est le délabrement global de l'environnement urbain. Même si on y aperçoit une voiture un peu hi-tech, ici pas de drones, l'engin étant pourtant la mode de la sf mi-budget (Bacurau, Halte, Jessica forever), mais plutôt une atmosphère grise de routes et de béton, comme si après avoir dévoré les campagnes, la ville se mettait à pourrir de l'intérieur. C'est de ce contexte de dépérissement qu’émergent les braqueurs de notre histoire. L'un sort de prison et semble guidé par un rêve absurde de plages et d'eau turquoise. Les deux autres se sont essayé à la vie honnête en constatant que celle-ci n'avait finalement rien de mieux à leur offrir que celle d'escrocs. Les trois se décident donc à mener ce fameux "dernier coup", celui dont tout spectateur sait qu'il va forcément partir en sucette.
Le film s'étale sur plus de deux heures, ce qui n'est pas de trop puisqu'il offre en fait deux histoires en une. La première partie est dirigée comme un film de braquage. Des retrouvailles, la constitution de l'équipe, un plan parfait, l’exécution. Le tout est mené de manière plus que correcte avec une caractérisation rapide et efficace des quelques personnages ainsi qu'un bon sens de la géographie des lieux. Advient alors le braquage, pic de tension. Tout tourne au vinaigre et la traque annoncée par le titre démarre. La mise en scène de Yoon Sung-Hyun décolle en conséquence prenant un bon plaisir à filmer de nuit et à surtout bien filmer la nuit (ce qui est rare et précieux). L'esthétique y trouve des allures de films de Michael Mann expérimentant sons et lumières en un véritable feu d'artifice d'armes en tout genre. Débarque aussi un ennemi, vigilante digne du Robert Patrick de T2 avec qui la confrontation semble implacable. C'est un vrai jeu du chat et de la souris, s'amusant des espaces qu'il investit (un hôpital, un bâtiment désaffecté, une rue) sous les lumières vert panique, bleu nuit et rouge sang.
Time to hunt ne révolutionne pas le cinéma mais sait de qui il tient et vient s'inscrire dans la lignée de grands films d'actions des années 80/90 en y ajoutant la saveur d'un mélange des genres que maîtrise si particulièrement le cinéma coréen. Dommage de ne pas avoir pu découvrir ça sur un grand écran !