Première critique.
-"Ce n'est pas possible, nous sommes assez prévenus, il n'y aura plus de régime totalitaire comme Hitler!"
La Vague (ou "Die Welle," titre du film du réalisateur Denis Gansel), adapté assez librement du livre anglais "La Troisième Vague" nous plonge allégrement dans une classe de lycée où, à priori, rien ne laissait envisager qu'une expérience pouvait se finir en tragédie.
Décor d'une tragédie moderne:
-une classe de lycéens tout a fait banal, avec divers ados comme le bourgeois friqué, l'adolescent mal dans sa peau et pas très aimé, une ou deux brutes, quelques ados en souci familial... Bref, des gamins apparemment bien intégrés dans la société.
-Un professeur (Rainer Wenger) aux méthodes légèrement peu conventionnelle.
-Et un projet, assez original: organiser une sorte de jeu de rôle grandeur nature basé sur la mise en place d'une communauté, La Vague, rassemblée autour d'un symbole, un salut, un uniforme et des règles.
Face à la conviction de ses élèves qu'un régime autocratique ne pourrait plus voir le jour en Allemagne, ce cher professeur décide de mettre en place ce projet.
Mais le hic, c'est que certains lycéens prennent la situation « trop » au sérieux et ce qui n'était initialement qu'un jeu de rôle va échapper au contrôle du prof.
Je vous laisse deviner la suite?
Et nous voici parti, au fil des jours qui se passent (une semaine), entrainés par ces ados, qui semblent s'être pris dans un jeu qui eux-mêmes, les dépasse. Et de plus en plus, l'idée du communautarisme s'inscrit jusqu'à transformer un ado parfaitement sage à un mec qui ressemble a un peu à un sectaire.
Une vague ressemblance avec le régime d'Hitler qui s'installe et cette impression vous restera jusqu'à la fin, un certain vendredi, où la tragédie prendra fin dans un bain de sang. Enfin, bain de sang...
Un suicidé, un blessé grave et toute une classe prête a se livrer aux confessions du psychologue du lycée.
Entre deux filles qui se rebellent, incarnant certainement au passage, les (rares) personnes qui ont oser résister en public les jougs d'un quelconque régime autocratique , l'ado désespéré qui a cru qu'avec ce sorte de jeu, il arriverait enfin a se faire accepter et se prend corps et âme a ce jeu jusqu'à sa mort, à l'ado qui a trouvé en cette nouvelle communauté une famille... Les personnages reflètent parfaitement tous les côtés d'un régime autocratique: de l'idée d'un rassemblement qui permet l'entraide à la dérive, qui entrainent les méfaits que nous connaissons (malheureusement) tous.
Pour seule morale (et la seule réponse à l'expérience): il faut toujours se méfier.
Intense, du début jusqu'à la fin, le spectateur est vite pris dans ce cercle pas tellement infernal mais méfiant, oppressant où il est possible de tirer sa propre analyse. Film pédagogique, que je conseille de visionner en cours d'histoire, comme une mise en garde à la fois virtuel et réel, à ce danger qu'on pense déjà si éloigné.
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