Il y a des oeuvres qui même après plusieurs décennies continuent de faire parler d'elles à travers analyses, articles, référence ou hommages parfois à tort souvent à raison mais il y a un cas bien plus incompréhensible. Découvrir un film qui a tout pour servir d'exemple dans les écoles de cinéma, qui pourrait être décortiqué de la première scène, ce crucifix divisé en deux qui laisse place à un duel à l'épée entre deux guerriers jusqu'à sa conclusion qui nous montre... ( non je vais pas spoiler dès l'introduction les amis ). Tout s'y prête et pourtant, c'est le néant...
J'ai cherché des explications bien sûr, on peut évoquer le fait que le film n'est jamais sorti chez nous en DVD, que son sujet n'est pas forcément le plus répandu. En effet, par rapport aux premières et secondes guerres mondiales, celle qui frappa l'Europe communément appelée guerre des trente ans et opposant Catholiques et Protestants au XVIIème siècle ne nous parle pas beaucoup. Enfin son réalisateur n'a pas forcément aidé, on parvient toujours en se plongeant dans une rétrospective d'un Ford ou d'un Kurosawa à trouver des perles méconnues, mais qui aurait l'idée d'aller chercher du côté de la filmographie de James Clavell et sa poignée de films à son actif, connu pourtant pour avoir coscénarisé la Grande Évasion.
Voilà donc ce qui pourrait expliquer les méandres dans lesquelles notre pauvre récit a sombré.

Maintenant laissez-moi vous dire en quelques mots pourquoi il faut rattraper cette erreur commise, tout d'abord son casting. A ma droite, Michael Caine 1m88, 80 kg, mercenaire cynique et violent au charisme à tomber par terre, à ma gauche, Omar Sharif 1m80, 70 kg, homme instruit en fuite, ancien professeur bienveillant qui offre un contraste parfait avec son acolyte, pour moi ce sont les plus belles relations du cinéma, amitié, rivalité, respect, méfiance, jamais blanc ou noir, mais toujours ce gris indélébile. Arrive alors ce village paisible qui semble avoir échappé à tout cette haine et renvoi l'image idyllique du jardin d'Eden, qui va rapidement devenir un ring gigantesque dans lequel nos personnages en pleine guerre et confrontés quotidiennement à la misère humaine, la famine, les épidémies, les viols, la mort vont y trouver un lieu d'espoir difficilement négociable au vu de l'amas de caractères forts qui s'y trouvent.

Partant de ce postulat se mélange ainsi le film d'aventure, de guerre bien sûr qui du côté de la forme aime autant se montrer démonstratif lorsqu'il le faut que contemplatif lorsque ça s'y prête. Tout comme une embuscade de dangereux soldats peut être aussi passionnante à suivre qu'une discussion entre deux hommes aux méthodes radicalement différentes qui tentent de survivre l'un par une cruauté extériorisée et l'autre par des rêves rappelant son Docteur Jivago. L'angle du récit est d'ailleurs extrêmement pertinent, puisqu’à aucun moment, ile ne choisit de camp, chacun ayant ses forces et ses faiblesses, là où on aurait pu avoir une sorte de barbare avide de pouvoir, on a affaire à un homme fascinant qui en devient attachant plus on apprend à le connaitre. Et là où on aurait pu s'offusquer devant la perfection d'un humaniste qui ferait tâche dans ce contexte, on assiste à ses perpétuels doutes face tout ceci. En ce sens, on savoure cette dualité constante qui sublime son propos.
Qui plus est, le récit nous entraine également vers d'autres contrées encore plus casse gueule, puisque la religion a une place prépondérante dans cette histoire. Mais toujours avec subtilité, le questionnement légitime et sa place au sein d'une guerre viennent poser une réflexion intéressante.

J'ai l'impression d'avoir déjà trop parlé, j'aurais peut être juste dû me contenter de ça, The Last Valley tantôt épique et spectaculaire, tantôt calme et posé est une véritable mine d'or regorgeant d'innombrables qualités lui conférant une aura particulière qui ne vous laissera pas indifférent, vous savez désormais ce qu'il vous reste à faire, il n'attend plus que vous.

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10

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