La Valse des pantins par Feedbacker

Grosse claque, il me retourne comme peu de films de Scorsese l'ont fait. De Niro y campe un personnage barré en plein délire obsessionnel, qui fait une fixette sur un présentateur/humoriste télé. Il veut s'en rapprocher pour lui proposer ses sketches et passer dans son émission, pour devenir lui-même un grand comique ("The King of Comedy", le titre en anglais). On traverse ses phases paranoïaques et hallucinatoires avec une touche humoristique qui n'est pas sans instaurer un certain malaise (vu que le type est un beau cas de cinglitude), et le film joue constamment sur cette ambiguïté. Au delà de ça, on y trouve un regard sur les show télévisés et l'illusion créé par ceux-ci d'un environnement social. Voulant être sous le feu des projecteurs et adulé par un public, Rupert Pumpkin est une victime de la consommation de l'image, il en représente l'excès, les abus (on peut faire le parallèle avec le personnage de Travis dans la société new-yorkaise, dans Taxi Driver).
Sans en dire trop, la fin du film est un coup de génie avec une sorte de double-lecture entre apparence et réalité, dont seul le spectateur a conscience, et qui donne autant envie de rire que de pleurer. Avec du recul, le personnage dans sa dimension dramatique m'a bien plus marqué qu'aucun autre film du cinéaste. Et De Niro tient là un de ses rôles les plus mémorables.