Pour une autre Nouvelle Vague
Il n'est pas évident de parler d'un film de Jean Rollin sans tomber dans une tendance ou dans une autre : la première serait de trouver le film affligeant, du nanar lancinant. La seconde serait de dire que le réalisateur est un génie du cinéma fantastique français oniriquo-érotiquo-poétique incompris.
Il convient de dire qu'une des choses qui rend ses films si particuliers est le jeu des acteurs. Ces derniers sont terriblement nuls. On dirait que c'est la première fois de leurs vies qu'ils doivent jouer la comédie, des enfants de CP seraient plus convaincants. Mais il y a quelque chose dans ce jeu, et d'ailleurs aucun comédien ne sort du lot, qui donne un effet tout à fait particulier. On est pas non plus dans du non-jeu à la Robert Bresson mais en tous cas cela donne un style malgré tout assez original.
Le scénario quand à lui est tellement naïf que plutôt que d'en rire à ses dépends on peut se prendre d'affection pour cette histoire un peu gentille, pas super originale mais pas non plus moins qu'ailleurs.
En contre-partie on ne pourra reprocher à Jean Rollin ni la photographie de son œuvre, ni ses raccords, ni ses cadrages, ses derniers étant souvent beaux, originaux et bien cadrés. On sent derrière tout ça une recherche d'esthétisme appréciable.
De même le sérieux et le soin apportés aux décors et aux costumes (malgré qu'on puisse les trouver très kitschs) sont d'autres éléments prouvant que, si le réalisateur n'est peut-être pas un génie, il s'est appliqué à son œuvre avec passion.
Le rythme du film est assez perturbant car on pourrait penser que le script ne se prête pas à un déroulement aussi lent, aussi imperturbable. Le résultat est étrange mais le film se laisse regarder, d'autant qu'il est assez court. Je passe sur l'érotisme de certains passages, qui ne seront peut-être pas au gout de tout le monde mais bon.
En tous les cas le film vaut le coup d'être vu au moins une fois pour se faire une idée.
La note de 7 est un peu sur-notée mais bon on voit tellement peu souvent ce genre d'œuvres qu'il faut en faire un peu la promotion on va dire.
J'ajouterais encore que pour une série B/Z, la pellicule 35mm participe à une chaleur, une ambiance, que l'on ne retrouverait pas dans un produit du même genre tournée aujourd'hui en numérique.
Pour les amateurs de nanar je conseille plutôt Le lac des morts vivants.